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MARCHÉ, économie

Par « marché » on entend habituellement plusieurs choses, qui correspondent à des degrés d'abstraction différents. Au départ, il y a l'idée d'un lieu où se retrouvent des acheteurs et des vendeurs, qui effectuent des échanges sur la base de prix, fixés par l'une des parties ou après marchandage. À un niveau d'abstraction plus élevé, le mot marché désigne l'ensemble des transactions concernant un bien, ou un type de biens, dans une zone géographique définie (ville, région, pays, etc.), par exemple le marché immobilier à Paris. De façon encore plus générale, l'expression « économie de marché » sert à caractériser des sociétés où la plus grande partie des transactions se réalisent sur la base de prix établis par les échangistes. Certains vont même jusqu'à parler du marché comme s'il était une personne, qui « fait » ceci ou cela, qui est « optimiste » ou « pessimiste », etc. Le marché est alors conçu comme la résultante des décisions d'une multitude de personnes, dont il traduit les humeurs ou les comportements dominants, ou majoritaires – on songe ici au marché boursier, sorte de plaque sensible de l'économie.

Toutes ces acceptions du mot marché – sauf, peut-être, la dernière – ont en commun le fait qu'elles accordent un rôle essentiel aux échanges par le biais de prix. Comment ces derniers sont-ils fixés ? Il n'y a pas de réponse simple à cette question, tellement les situations peuvent être différentes. Ainsi, pendant très longtemps, la coutume a joué un rôle très important dans la détermination des prix (John Stuart Mill a particulièrement insisté sur ce point, notamment dans ses Principes d'économie politique, 1848). Elle continue d'ailleurs à le faire de nos jours, à des degrés divers, selon les biens et les pays ; son rôle stabilisateur, normalisateur, est souvent assuré par l'État, qui fixe des règles, veille à ce qu'elles soient respectées, arbitre entre les parties, surveille certains prix – dans les secteurs considérés comme importants, pour les individus ou pour la nation (domaines alimentaire, sanitaire, industriel, technique).

Marché et marchandage

L'étude des coutumes relève de l'anthropologue, ou du sociologue. Elle demande à être conduite pratiquement au cas par cas, avec, éventuellement, l'espoir d'en tirer quelques propriétés générales. L'économiste, quant à lui, ne retient qu'un aspect du comportement humain : la propension à préférer plus à moins, à obtenir la plus grande satisfaction à partir de ressources données ou, ce qui est équivalent, à atteindre un objectif donné avec le minimum possible de ressources. C'est ce que les économistes appellent le principe de rationalité. Le marché est alors pour eux l'ensemble des relations qui s'établissent sur la base de ce principe, à travers un système de prix. La notion de marché est ainsi étroitement associée à celle de marchandage : les échanges étant, par hypothèse, volontaires – ils n'ont lieu que s'ils sont bénéfiques à toutes les parties concernées –, chacun va chercher à en obtenir le plus grand gain possible, le vendeur en proposant le prix le plus élevé (ou prix de réserve) que peut accepter l'acheteur, ce dernier cherchant au contraire à imposer le prix minimal qu'accepte le vendeur (son prix de réserve).

Dans les économies dites de marché, la grande majorité des transactions ne donnent pas lieu, toutefois, à marchandage – les prix sont généralement affichés, dans les magasins par exemple. Mais un magasin se fournit auprès de grossistes, ou de producteurs, souvent après un marchandage. Sinon, celui-ci a lieu forcément à un autre niveau (par exemple, négociation entre une centrale d'achat et un syndicat de producteurs). Il y a donc toujours marchandage au[...]

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  • : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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