MARCHE, histoire
Terme qui désigne de façon générale au Moyen Âge une zone de confins entre deux dominations. C'est « en marche » qu'un vassal puissant venait prêter l'hommage à son seigneur ; ainsi le duc de Normandie au roi de France. Dans un sens particulier, les marches sont des circonscriptions militaires destinées à protéger les frontières des États. Elles apparaissent dans l'Empire carolingien où elles se succèdent presque sans interruption le long de ses frontières, commandées par des comtes ou préfets de marche qui seront appelés dans la suite margraves et marquis. Les unes, découpées dans des pays de conquête récente, encore imparfaitement soumis, furent placées sous un chef unique : telles les marches de Nordalbingie, des Sorbes, des Avars ; la future Autriche prolongée au sud du coude du Danube par la marche de Pannonie, la marche de Frioul ; enfin en Vénétie orientale et en Istrie. Sur les frontières occidentales de l'Empire, dans des territoires soumis depuis longtemps, la marche était un ensemble de comtés placés pour les besoins de la défense sous l'autorité d'un marquis ; c'était le cas de la marche de Bretagne dans la région d'Angers, Tours et Rennes et de celle de Toulouse, qui recouvrait l'ancienne Septimanie, tandis que les comtés de Catalogne formaient la marche d'Espagne. Le développement de ces marches se poursuivit au cours du ixe siècle et au-delà encore. En Francie occidentale, il se confond avec un phénomène très fréquent : l'accumulation de plusieurs comtés entre les mains d'un même personnage, que la royauté finit par reconnaître en constituant de grands commandements militaires à l'intérieur du royaume, comme cela se produisit en Aquitaine, en Neustrie et en Bourgogne. En Francie orientale, les marches conservèrent d'abord leur caractère premier. À partir du xe siècle, elles furent le point de départ de l'expansion germanique vers l'est. Certaines devinrent le centre de futurs États allemands tels que la Misnie, le Brandebourg et l'Autriche.
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Écrit par
- Robert FOLZ : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
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