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MINGHETTI MARCO (1818-1886)

L'un des artisans majeurs du Risorgimento aux côtés de Cavour, dont il fut le collaborateur et l'ami. Par sa formation et par ses idées, Minghetti offre bien des points communs avec l'homme d'État piémontais : goût pour les problèmes économiques et sociaux ; foi dans une régénération de la Péninsule par des réformes graduelles, soutenues par la modernisation industrielle et agricole ; culture européenne acquise dans des voyages en France et en Angleterre.

Issu d'une famille de riches propriétaires fonciers, épris d'humanisme et de sciences, il prit part au mouvement des congrès, terrain de rencontre des savants et des patriotes italiens. Lorsque l'avènement de Pie IX (1846) suscite l'espoir de voir le « pape libéral » prendre la tête de la croisade nationale et libérale, Minghetti devient ministre des Travaux publics dans le premier gouvernement laïc des États de l'Église. Mais les hésitations du souverain pontife à soutenir la révolution italienne, puis son désaveu, lui font mesurer l'échec du mouvement néo-guelfe et il se tourne vers le Piémont. Il correspond avec Cavour, devenu Premier ministre de Victor-Emmanuel II, en 1852, pour l'informer de la situation politique en Italie centrale et il coopère à la Société nationale italienne, fondée par La Farina en 1856 pour rallier les modérés à la solution piémontaise. En 1859, lors de la guerre contre l'Autriche, il accourt à Turin où, naturalisé sarde, il est choisi par Cavour comme secrétaire général du ministère des Affaires étrangères. Directeur des Affaires italiennes, il le seconde dans l'action qui aboutit à l'acquisition de la Lombardie, puis, en 1860, des Romagnes, des duchés de l'Italie centrale et du royaume de Naples. Élu député de Bologne au Parlement de Turin, ministre de l'Intérieur du nouveau royaume d'Italie, il est associé aux tractations avec le Saint-Siège.

Après la mort de Cavour, il continue à siéger dans les cabinets Ricasoli (1861-1862), puis Farini (1862-1863), auquel il succède comme Premier ministre. Excellent administrateur, Minghetti s'emploie à la lutte contre le brigandage méridional et à la gestion des finances. Il tente de donner au royaume une structure administrative en régions. Mais le manque de cohésion du jeune État et la crainte du particularisme local font repousser son projet au profit d'un système très centralisé, calqué sur le modèle français. Sous son gouvernement est conclue la convention avec la France (1864) : l'Italie s'engage à respecter l'intégrité du territoire pontifical, moyennant quoi Napoléon III retirera ses troupes de Rome dans un délai de deux ans. Minghetti pensait se libérer ainsi de l'ingérence française dans les affaires de la Péninsule et avoir les mains libres pour rouvrir la question du choix de Rome comme capitale. La mise en œuvre de la convention était subordonnée à une clause secrète prévoyant le transfert, dans les six mois, de la capitale du royaume de Turin à Florence. La nouvelle de cet accord provoqua à Turin une vague d'émeutes qui entraînèrent la chute de Minghetti. Après un retour aux affaires (1867-1869), Minghetti fut envoyé comme ministre à Vienne en 1870. Il eut l'intuition que le conflit franco-prussien permettrait la solution de la question romaine et il s'opposa à l'alliance avec Napoléon III. En 1873, après que Lanza se fut usé au pouvoir, Minghetti redevint président du Conseil au milieu de graves difficultés économiques. Mais, le 18 mars 1876, une page se tournait dans l'histoire de l'Italie unitaire. Minghetti était renversé par une « révolte parlementaire » mêlant les votes hostiles de la gauche, des Toscans mécontents de la capitale et des représentants d'intérêts privés, menacés par le projet de nationalisation des chemins de fer.[...]

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