BRUTUS MARCUS JUNIUS (85-42 av. J.-C.)
Fils de Servile, une sœur de Caton d'Utique, et d'un Brutus partisan de Marius qui fut tué par Pompée après le siège de Modane, Brutus est peut-être aussi le descendant de celui qui fut un des fondateurs de la République romaine et qui contribua en ~ 509 à la chute des rois Tarquins. Plutarque, qui lui a consacré une de ses biographies dans ses Vies des hommes illustres, le montre orphelin, élevé par un oncle et passionné d'études philosophiques. Brutus apparaît comme un homme brave et réfléchi, et surtout comme un idéaliste qui accepte de rejoindre le parti de Pompée, pourtant meurtrier de son père, parce que ce dernier représente la République face aux menées factieuses de César et de ses partisans. Brutus fait donc passer, en démocrate, l'intérêt général avant ses ressentiments personnels. Ainsi préfère-t-il une république romaine, dont il sait qu'elle est aux mains des patriciens et de l'oligarchie sénatoriale, au césarisme et au despotisme d'un seul, même si celui-ci est soutenu par le peuple. Toute la conduite de Brutus est dominée par l'idéal républicain. Vaincu à Pharsale en ~ 48, il se met au service de César qui, pour se le concilier, le considère comme son fils. Il accepte même le poste de gouverneur en Gaule Cisalpine en ~ 46 et la fonction de préteur urbain en ~ 44. Ce stoïcien semble se soumettre aux lois du vainqueur. Mais il espère surtout que sa présence auprès de César permettra de sauver l'essentiel du régime républicain. Brutus ne connaît pas la haine, il n'a pas d'ambitions personnelles ; mais lorsqu'il s'aperçoit que César pourrait un jour, en dépit de ses protestations apparentes, ceindre la couronne des rois, sa conscience se révolte et il accepte avec une calme résolution d'entrer dans la conjuration qui doit abattre le dictateur. Aux ides de mars, le 15 mars ~ 44, il est de ceux qui lèvent le poignard sur son père adoptif. Ce dernier, voyant que Brutus s'apprête à lui porter un coup, comprend qu'il est perdu et prononce en grec la célèbre phrase, cette interrogation douloureuse dont les historiens latins se sont fait l'écho : « Tu quoque, fili ? » « Et toi aussi mon fils ? » Et se couvrant de son manteau, il accepte la mort. Brutus qui n'est pas un homme politique n'a guère prévu de plan après le succès de la conjuration. Devant les réactions de Marc Antoine et du peuple romain, il doit prendre la fuite avec d'autres conjurés, parmi lesquels Cassius. Il lève en Orient une armée républicaine qui sera confrontée dans la plaine de Philippes à celles d'Octave et d'Antoine en octobre ~ 42. Cassius y est vaincu et tué, et Brutus comprend que sa cause est perdue. Il ne veut pas survivre à un monde qui tend vers une monarchie absolue et qui rejette les principes républicains. Il se tue en se jetant sur l'épée que lui tend son maître, le rhéteur Strabon. Plutarque prétend que Marc Antoine fit enterrer Brutus avec les honneurs. Suétone affirme en revanche qu'Octave lui fit trancher la tête et que celle-ci fut jetée en signe de vengeance et d'expiation aux pieds de la statue de César à Rome.
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Écrit par
- Joël SCHMIDT : diplômé d'études supérieures d'histoire, directeur de collections historiques
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