BRAER MARÉE NOIRE DU (janv. 1993)
Dans la nuit du 4 au 5 janvier 1993, ayant choisi la route la plus courte, mais aussi la plus dangereuse, pour se rendre de la Norvège au Canada, le pétrolier libérien Braer est pris dans une violente tempête au nord de l'Écosse. Il subit une panne totale du moteur principal à la suite d'une infiltration d'eau dans les soutes à combustibles. L'équipage est évacué le 5 janvier au matin et, après une tentative de remorquage infructueuse, le navire dérive sur 20 kilomètres et s'échoue vers 11h20 à l'ouest de Sumburgh Head, au sud des îles Shetland. Il se brise progressivement, laissant échapper sa cargaison, constituée de 84 500 tonnes de pétrole brut dans la mer du Nord et de 1 700 tonnes de fioul lourd de propulsion.
Du matériel et des spécialistes de la lutte antipollution sont rapidement mobilisés. Mais les conditions météorologiques interdisent toute intervention en mer et limitent sérieusement les opérations de lutte sur la côte. Ainsi, la majeure partie du pétrole restant s'échappera de l'épave en une dizaine de jours et se dispersera sous l'action des vagues.
Les autorités décrètent une vaste zone d'interdiction de pêche autour du navire. Des fermes d'élevage de saumons, situées un peu plus au nord, sont, elles aussi, touchées et se verront au fil des mois obligées de détruire leurs stocks de poissons impropres à la consommation. Pour la pêche de certains crustacés et mollusques, la réouverture ne sera autorisée que plusieurs années après. Les aérosols d'hydrocarbures, générés par la tempête, ont atteint le plateau situé au sommet des hautes falaises littorales et recouvert les habitations et le bétail, principalement les moutons qui ont dû être confinés dans les bergeries. En ce qui concerne les oiseaux, quelque deux mille individus (représentant vingt-six espèces) ont été mazoutés, dont 50 p. 100 de cormorans huppés.
Plus de deux mille victimes réclament des dommages et intérêts à l'armateur, à son assureur et au Fipol (Fonds international d'indemnisation pour les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures). La plupart des demandes sont réglées à l'amiable dans la limite des trois ans autorisés par le Fipol dans ce type de cas. Les dernières négociations sont conclues en octobre 2001. Le montant total des indemnités versées s'élèvera à 58,4 millions de livres sterling, dont 52,2 millions seront payés par le Fipol.
Cet accident a suscité de larges débats au Royaume-Uni sur la question de la sécurité maritime. Une commission d'enquête nationale (commission Donaldson) a été créée. Son rapport, présenté au Parlement en mai 1994 sous le titre Safer ships, cleaner seas (« Des bateaux plus sûrs, des mers plus propres »), a proposé une série de changements importants dans la prévention des pollutions et les moyens de lutte à l'échelle nationale : mise en place de remorqueurs d'intervention, création d'un dispositif de séparation du trafic dans cette région...
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Écrit par
- Christophe ROUSSEAU : adjoint au directeur du Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), Brest
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Média