Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

MARÉES

Les marées océaniques à la surface du globe

Si la mécanique céleste permet de déterminer analytiquement la force génératrice des marées et de comprendre leur rythme au cours du temps, elle ne suffit pas cependant pour déterminer l'amplitude réelle de la marée océanique et expliquer son extrême variabilité à la surface de la Terre. En effet, l'Océan ne répond pas de façon statique et instantanée aux sollicitations astronomiques. Sa réponse est régie par les lois de la mécanique des fluides. Elle est en outre compliquée par la forme des bassins océaniques et les irrégularités de leur profondeur. L’étude théorique de ces derniers n'a jamais permis d'aller au-delà de modèles schématiques restreints à des bassins de formes géométriques simplifiées, typiquement des bassins rectangulaires de profondeur constante. Toutefois, ces bassins sont nécessairement tournants, pour prendre en compte les effets de la rotation de la Terre et de la force de Coriolis qui, déviant les masses d'eau dans leur mouvement vers la droite dans l'hémisphère Nord et vers la gauche dans l'hémisphère Sud, jouent un rôle fondamental dans la façon dont les ondes de marées se propagent dans les océans.

La connaissance des marées à partir de leur observation a posé jusqu'au début des années 1990 des problèmes insurmontables. Leurs caractéristiques sont en effet extrêmement complexes à l'échelle de la planète. Leur amplitude varie de quelques centimètres, en certains points de l'Océan, à plusieurs mètres, le long des côtes : quelques dizaines de centimètres dans l'arc des Caraïbes et 18 mètres dans la baie de Fundy (sud-ouest du Canada), moins d'un mètre à Christchurch en Angleterre et 15 mètres de l'autre côté de la Manche dans la baie du Mont-Saint-Michel, etc. Autre source de diversité, la pleine mer ne se produit jamais exactement au moment où la Lune passe à la verticale de chaque point. Le déphasage peut atteindre de un à deux jours : c'est ce qu'on appelle l'« âge de la marée ». De plus, la marée présente, suivant l'endroit considéré, des aspects très divers. Pour les côtes européennes, nous observons deux marées par jour : la marée est semi-diurne. En revanche, le long de certaines côtes du Pacifique ouest, on observe, suivant l'endroit, des marées à inégalité diurne, des marées mixtes ou des marées de type purement diurne. Ces exemples illustrent l'extrême diversité de la réponse des différents bassins océaniques aux sollicitations des forces génératrices luni-solaires des marées.

Cette diversité a rendu illusoire tout espoir d'établir une approche globale à partir des procédés conventionnels d’enregistrement des hauteurs des marées (les marégraphes). De plus, la modélisation numérique a longtemps déçu, trop imprécise pour prendre en compte la complexité des mécanismes physiques liés à la propagation et la dissipation des ondes de marées sur les plateaux continentaux et dans les nombreuses mers littorales du monde entier. Toutefois, grâce à l'altimétrie satellitaire et aux progrès de la modélisation numérique, l'étude des marées a connu au cours des années 1990 une véritable révolution qui a permis de franchir un pas considérable dans la connaissance du phénomène et sa description précise à l'échelle de la planète.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeure au Collège de France
  • : membre de l'Institut, ancien président du Bureau des longitudes
  • : docteur ès sciences, directeur de recherche au C.N.R.S., directeur du laboratoire d'études en géophysique et océanographie spatiale de Toulouse
  • : astronome, directeur de l'Observatoire du pic du Midi et de l'Observatoire de Toulouse

Classification

Médias

Marées - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Marées

Force génératrice des marées - crédits : Encyclopædia Universalis France

Force génératrice des marées

Réponse statique à la force génératrice des marées - crédits : Encyclopædia Universalis France

Réponse statique à la force génératrice des marées

Autres références

  • TERRE - Planète Terre

    • Écrit par et
    • 9 225 mots
    • 9 médias
    ...encore, très irréguliers et à variation rapide, sont dues aux vents et aux variations de pression atmosphérique diversement répartis sur le globe. Les marées terrestres et océaniques produisent également des variations périodiques, notamment semi-annuelles, mensuelles et à très courtes périodes. Certains...
  • DELTAS

    • Écrit par
    • 3 794 mots
    • 2 médias
    Ce sont ceux oùl'amplitude des marées atteint les chenaux de distribution du cours d'eau et où les courants de flot et de jusant jouent un rôle primordial dans la dispersion des sédiments. À l'intérieur et au large des chenaux, les dépôts sont remaniés et disposés en une série de rides orientées...
  • ÉNERGIES RENOUVELABLES

    • Écrit par
    • 15 637 mots
    • 22 médias
    Mais les marées ont une autre propriété plus facile à exploiter : ce sont les courants induits par leur mouvement. Toutefois, les sites présentant des courants importants et exploitables sont relativement peu nombreux. En France la puissance potentiellement exploitable est comprise entre 2 000 et 3 000...
  • ESTUAIRES

    • Écrit par
    • 830 mots

    Reliant à la mer rivières et fleuves, les estuaires représentent la forme la plus classique de transition entre le domaine continental et le domaine marin. L'origine latine de ce terme est très significative : aestus (la marée) est le substantif du verbe aesto (je bouillonne), ce qui...

  • Afficher les 18 références