THATCHER MARGARET (1925-2013)
L'expérience politique
Des vingt ans qui séparent la jeune parlementaire entrée à Westminster et la politicienne aguerrie qui arrive au 10, Downing Street en 1979, on peut retenir quelques dates essentielles. En octobre 1961, Margaret Thatcher est junior minister, déléguée aux retraites et assurances sociales du gouvernement MacMillan, un poste qui lui permet de mieux connaître les rouages de la haute administration et de mesurer le mépris qu'elle inspire dans certaines castes de l'establishment. En 1967, de retour d'un premier séjour aux États-Unis, elle apparaît conquise par le dynamisme économique et social outre-Atlantique. Entrée la même année dans le shadow cabinet d'Edward Heath, elle travaille sans compter, contrastant par là avec le dilettantisme de certains responsables du parti. Elle y critique la mauvaise gestion des industries et des services nationalisés, les abus de pouvoir des syndicats, l'immigration. La marginalisation d'Enoch Powell, leader de l'aile droite conservatrice, chassé du cabinet en 1968 pour propos racistes, convainc Margaret Thatcher qu'il faut éviter, par des déclarations maladroites, de se couper du parti. Elle est récompensée au début des années 1970, en occupant les postes ministériels des Transports puis de l'Éducation. Celui-ci n'est pas un poste facile pour cette boursière méritante, inlassable contemptrice de la « société permissive » de la fin des années 1960, persuadée que l'égalitarisme de l'État-providence a bloqué l'ascenseur social. Par ailleurs, la situation économique se dégrade : les conflits se multiplient sur les chantiers navals, dans les mines, et des piquets de grève paralysent de nombreux sites en 1972-1973, le tout sur fond de poussée inflationniste et de déficit commercial. Le déclin du pays, devenu l'« homme malade de l'Europe » n'est pas irrémédiable selon elle, à condition de ne pas mener une politique contre nature, faite de concessions aux syndicats et de renoncements aux convictions libérales.
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Écrit par
- Bertrand LEMONNIER : agrégé de l'Université, docteur en histoire, professeur de chaire supérieure au lycée Louis-le-Grand, Paris
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Médias
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