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MARGUERITE DE NAVARRE (1492-1549)

Elle a porté quatre noms. Mais qu'on la nomme Marguerite de Valois, d'Angoulême, d'Alençon ou de Navarre, elle reste la reine de Navarre. Et qu'on ne la confonde pas avec une autre Marguerite, la femme d'Henri IV, la reine Margot de gaillarde mémoire ! Sa vie, toute de devoir, de dignité, de dévouement, d'élans mystiques et de curiosité psychologique, ne fut en rien celle d'une dame galante.

Poète maladroit mais sincère, conteur habile, femme de tête, elle mérite amplement l'éloge qu'a fait d'elle son protégé Marot :

Corps féminin, cœur d'homme et tête d'ange

Sa présence illumine la première moitié du xvie siècle.

Une vie : joies, soucis, deuils

Elle naquit au pays d'Angoulême. Elle mourut à Odos, près de Tarbes. Elle appartenait à une branche cadette de la famille royale, mais très vite elle sut que son frère cadet, le futur François Ier, pouvait parvenir au trône. Toute la jeunesse de Marguerite fut hantée par ce rêve. Elle aida sa mère, l'ambitieuse Louise de Savoie, à préparer les voies... On lui donna une éducation solide : elle apprit l'italien, le latin, un peu de grec. L'humanisme déjà s'affirmait. En 1509, elle épousa le duc d'Alençon, qu'elle n'aima pas. Il fut des fuyards de Pavie. Elle le vit mourir sans regrets en 1525.

Dès l'avènement de son frère, « son César », en 1515, elle tint, à la cour, la première place. Plus que la reine Claude et que la reine Éléonore, elle fut jusqu'en 1540 la véritable reine de France : elle anima la vie mondaine et la vie intellectuelle à Paris, à Fontainebleau, dans le Val de Loire. Elle prit sa part de la vie politique en attendant qu'une demi-disgrâce l'amenât à se retirer en Gascogne, à Nérac. La vie de cour ? Des fêtes, des deuils (qui lui dictèrent ses premiers vers) et, plus encore, des soucis : elle se rendit à Madrid auprès du roi prisonnier après Pavie et gravement malade ; elle tenta en vain d'obtenir de Charles Quint une paix honnête. Cette mission où elle déploya des trésors de diplomatie lui donna une figure d'héroïne. À son retour en France, veuve, elle épousa Henri d'Albret, roi de Navarre.

Elle fut mêlée à la vie religieuse de son temps. De 1521 à 1525, sous l'influence de Briçonnet et de Lefèvre d'Étaples, elle s'initia au mysticisme et favorisa des formes de pensée qui la rendirent suspecte : elle rêvait d'une réforme de l'Église dans et par l'Église. La Sorbonne, en 1533, l'attaqua violemment et condamna un de ses poèmes. Le roi la défendit : elle demeura, dès lors, inquiète et fut parfois même inquiétée.

Jusqu'à la mort de Louise de Savoie, en 1531, elle n'avait vécu que pour son frère. Son second mariage, la naissance de sa fille, Jeanne d'Albret, les événements l'éloignent du roi. Elle veut défendre les intérêts de la Navarre et de sa fille. Ses dernières années furent assombries par ce désaccord, par les tristesses et les déceptions de la politique, par la mort du roi. Retirée au pays béarnais, elle pleura la mort de son frère et se réfugia dans le mysticisme et la poésie.

Princesse, elle a joué un rôle politique. Mais elle a aussi protégé les écrivains, Rabelais et Marot surtout, les poètes néo-latins, un esprit audacieux comme Bonaventure Des Périers, et tous ceux qui tentaient de rénover la vie religieuse : Lefèvre d'Étaples, Briçonnet, Gérard Roussel, Caroli, plus tard les libertins spirituels.

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Écrit par

  • : doyen honoraire de la faculté des lettres et sciences humaines de Montpellier

Classification

Autres références

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    • 436 mots

    Ecclésiastique qui se trouva jouer un rôle important dans les questions religieuses du début du xvie siècle (les relations entre le pouvoir royal et la papauté, les querelles autour de l'humanisme et de la Réforme), Guillaume Briçonnet, évêque de Lodève en 1504, abbé de Saint-Germain-des-Prés...

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    • 404 mots

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  • FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIe s.

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