LONG MARGUERITE (1874-1966)
La pianiste et pédagogue française Marguerite Long (dont le véritable prénom est en fait Marie-Charlotte) naît à Nîmes le 13 novembre 1874. Elle a douze ans quand, au cours d'une tournée, Théodore Dubois, inspecteur des Beaux-Arts et professeur au Conservatoire de Paris, la découvre au conservatoire de sa ville natale. Grâce à lui, l'adolescente est admise au Conservatoire de Paris, dans la classe d'Alexis-Henri Fissot. Après avoir obtenu un premier prix de piano à l'âge de quinze ans, elle devient l'élève d'Antoine-François Marmontel. Elle débute en concert, salle Pleyel-Wolff, rue Rochechouart, à Paris, le 28 février 1893. Le développement de sa carrière est cependant ralenti par le peu de goût des milieux bourgeois de l'époque pour les solistes virtuoses et par les tenaces préjugés sociaux qui dénient aux femmes toute capacité créatrice : elle ne se produira à nouveau en public qu'en 1903, aux Concerts Lamoureux.
Marguerite Long se tourne alors vers l'enseignement ; en 1906, elle est nommée assistante au Conservatoire de Paris, où elle enseignera jusqu'en 1940. À partir de 1921, elle donne aussi des cours à l'École normale de musique de Paris, fondée en 1919 par Alfred Cortot. Peu à peu prend forme une méthode didactique fondée sur le travail des doigtés, sur celui de la pratique des gammes et, surtout, sur la position arrondie de la main sur le clavier, dans le but d'obtenir ce jeu perlé si caractéristique de l'école française de piano.
Elle se lie d'amitié avec Claude Debussy et étudie avec lui ses œuvres. Après la mort du compositeur, en 1918, elle se met au service de la musique d'un autre maître, Maurice Ravel. Le 11 avril 1919, elle crée à la Société de musique indépendante, salle Gaveau, sa suite pour piano Le Tombeau de Couperin ; la sixième et dernière pièce, Toccata, en est dédiée au mari de la pianiste, Joseph de Marliave, musicologue spécialiste de Beethoven, tué au combat au début de la Première Guerre mondiale. En 1920, après la mort de Louis Diémer, elle reprend sa classe au Conservatoire de Paris, malgré l'hostilité déclarée de Gabriel Fauré. Marguerite Long saura l'oublier pour défendre sa musique – notamment sa Ballade – jusqu'à la fin de sa vie.
Le 14 janvier 1932, aux Concerts Lamoureux, salle Pleyel, Marguerite Long crée, sous la direction du compositeur, le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel, qui lui est dédié. Elle va immédiatement conduire cette œuvre au triomphe dans l'Europe entière, sous la baguette du compositeur. Le 6 octobre 1941, elle inaugure avec le violoniste Jacques Thibaud l'École Marguerite Long-Jacques Thibaud, qu'elle dirige. L'année suivante naît à Paris le concours – national puis, à partir de 1946, international – qui porte leurs deux noms associés et qui est consacré simultanément au piano et au violon. Samson François, un de ses élèves au Conservatoire de Paris, décrochera le premier prix de piano lors de la première édition de ce concours, en 1943. Après la Seconde Guerre mondiale, elle se consacrera avec passion au rayonnement du Concours international Marguerite Long-Jacques Thibaud. Marguerite Long meurt à Paris le 13 février 1966.
Parmi les élèves quelle a formés, on compte la fine fleur des pianistes français : Samson François, Yvonne Lefébure, Lucette Descaves, Gaby Casadesus, Jeanne-Marie Darré, Jean Doyen, Jacques Février, Nicole Henriot-Schweitzer, Philippe Entremont, sans oublier le jazzman René Urtreger. L'Autrichienne Ingrid Haebler et le Néerlandais Daniel Wayenberg, notamment, ont aussi bénéficié de son enseignement. Elle laisse plusieurs écrits – Au piano avec Claude Debussy (1960), Au piano avec Fauré (1963), Au piano avec Maurice Ravel (1971) – qui mêlent souvenirs et conceptions esthétiques. Elle publie sa célèbre[...]
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Écrit par
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