YOURCENAR MARGUERITE (1903-1987)
« L'historien-poète et le romancier que j'ai essayé d'être » : c'est ainsi que Marguerite Yourcenar tente elle-même de définir une entreprise complexe, variée dans son propos et dans son genre. La discrétion de son œuvre et de son existence, l'érudition et l'orientation plus particulière de ses travaux vers des thèmes historiques ou antiques n'ont pourtant pas empêché son succès grandissant comme romancière, poète, auteur dramatique, traductrice, essayiste et critique, notamment après deux romans qui l'ont rendue célèbre : Mémoires d'Hadrien en 1951 et L'Œuvre au noir pour lequel elle a reçu le prix Fémina en 1968. Elle est la première femme à avoir été élue à l'Académie française, en mars 1980.
Approche biographique
La tâche d'établir une biographie de Marguerite Yourcenar pourrait sembler facilitée par la publication en 1974 et en 1977 de Souvenirs pieux et Archives du Nord : ces deux ouvrages devaient faire partie d'une trilogie autobiographique qu'aurait complétée Quoi ?, l'éternité, restée inachevée. L'auteur y tente de retrouver sa double origine, belge par sa mère, française par son père ; la narration proprement autobiographique sera cependant esquivée ; « l'être que j'appelle moi » s'efface au profit d'une patiente recherche généalogique, à partir de la naissance de l'auteur à Bruxelles et de la mort de sa mère, onze jours plus tard, des suites de l'accouchement, pour remonter de cette mère inconnue, née de Cartier de Marchienne, vers la famille de celle-ci. La démarche s'inverse dans le second volume, où il s'agit pour Marguerite Yourcenar de redescendre le temps, des plus lointaines origines d'une région qui deviendra plus tard la Flandre française, jusqu'à la personnalité marquante de son père, à travers le réseau complexe des alliances et des générations. Travail d'archiviste et de romancière qui laisse de côté les éléments autobiographiques qu'il faut collecter ailleurs.
De son vrai nom Cleenewerck de Crayencour (transformé en Yourcenar par l'anagramme du second patronyme), elle passera son enfance et son adolescence auprès de son père, entre le domaine de la famille paternelle, en Flandre française, et des séjours à l'étranger ou dans le midi de la France (c'est à Aix-en-Provence qu'elle obtient son baccalauréat). Sa formation classique autant que ses goûts l'orientent vers les langues et les civilisations anciennes. En 1921, elle publie Le Jardin des chimères, un recueil de poésie. En 1929, son premier roman, Alexis ou le Traité du vain combat. Après la mort de son père, survenue la même année, Marguerite Yourcenar continue à voyager, en Suisse, en Italie, en Grèce, alternant la publication d'essais (Pindare en 1932), de romans (Denier du rêve en 1934), de poésie (Feux en 1936), de traductions (Les Vagues de Virginia Woolf en 1937). En 1939, elle gagne les États-Unis où elle enseignera quelque temps dans des universités et où elle choisira définitivement pour résidence l'île des Monts-Déserts, sur la côte est. En 1971, Marguerite Yourcenar a été reçue à l'Académie royale belge de langue et de littérature françaises et, en 1980, à l'Académie française.
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Écrit par
- Marianne ALPHANT : écrivain
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Média
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