Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CALLAS MARIA (1923-1977)

Maria Callas - crédits : Keystone Features/ Hulton Archive/ Getty Images

Maria Callas

Après Fiodor Chaliapine et Enrico Caruso, qui sont les premiers à réunir les qualités propres à l'art lyrique au xxe siècle – une voix, certes, mais aussi l'expressivité et l'engagement dramatique –, une Geraldine Farrar dans le répertoire italien et une Lotte Lehmann avec Richard Strauss ont plus que d'autres compris ces nécessités nouvelles. Mais c'est la révolution opérée par Maria Callas qui va faire le lien entre les deux grandes divas romantiques, Giuditta Pasta et Maria Malibran, la dynamique enclenchée par Chaliapine et Caruso, et les exigences modernes d'un chant et d'un théâtre pour aujourd'hui. On ne chantera plus, après Maria Callas, comme on le faisait avant elle.

« Vissi d'arte, vissi d'amore »

Maria Callas et Tito Gobbi - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Maria Callas et Tito Gobbi

Maria Callas est née à New York le 2 décembre 1923, sous le nom de Cecilia Sophia Anna Maria Kalogeropoulos, un nom imprononçable qu'elle changera pour en faire un véritable mythe, se forgeant une voix, une image et un destin. On connaît bien aujourd'hui l'histoire de la grosse fille mal aimée par sa mère, qui grandit dans un foyer désuni d'immigrés grecs venus en vain chercher fortune en Amérique. Mais le chant la fascine, elle passe des heures devant la radio, elle répète, elle chante, elle gagne un concours de quartier : c'est le prétexte qu'attendait sa mère pour revenir, en mars 1937, en Grèce, où le talent naissant de sa fille pourra mieux s'épanouir. En effet, après avoir travaillé avec la soprano espagnole Elvira de Hidalgo au Conservatoire d'Athènes, Maria débute le 27 août 1942 – elle a dix-huit ans – avec la troupe de l'Opéra d'Athènes, dans le rôle-titre de Tosca. En chantant l'air célèbre du deuxième acte, « Vissi d'arte, vissi d'amore » (« J'ai vécu d'art, j'ai vécu d'amour »), elle ne se doute pas qu'elle résume ainsi ce que sera toute sa vie.

Après ses premiers succès en Grèce – où elle interprète notamment Marta (Tiefland d'Eugen d'Albert), Santuzza (Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni), Leonore (Fidelio de Beethoven) –, elle retourne en septembre 1945 aux États-Unis mais y connaît ses premières désillusions : personne alors ne veut d'elle. Et c'est finalement aux Arènes de Vérone, le 2 août 1947, que son destin va se réaliser doublement : elle y triomphe dans le rôle-titre de La Gioconda d'Amilcare Ponchielli (sous la direction de Tullio Serafin, qui deviendra un de ses chefs attitrés) en imposant non seulement sa voix mais son tempérament scénique ; et elle y rencontre Giovanni Battista Meneghini, qui deviendra son mari en 1949 et, mieux, son Pygmalion.

Car, de rôle en rôle, de Tosca en Lucia ou de Norma en Traviata, Maria va devenir Callas, avec cette voix impérieuse et tragique qui incendie les corps, avec ces gestes exacerbés par le feu du théâtre. Sa gloire dépassera très vite l'Italie, et c'est le monde entier qui se bat pour se mettre à ses pieds. En dépit de son caractère d'une indomptable exigence, les plus grands chefs, les plus grands metteurs en scène veulent travailler avec elle, Luchino Visconti entre autres, fasciné par sa voix autant que par son sens du geste. De leur rencontre naîtront – à la Scala de Milan – quelques-uns des plus grands spectacles d'opéra de l'histoire : La Vestale de Gaspare Spontini, qui ouvre la saison de la Scala, le 7 décembre 1954 (en italien ; rôle-titre, au côté de Franco Corelli – Licinio), La Sonnambula de Vincenzo Bellini (1955, rôle-titre, sous la direction de Leonard Bernstein), Anna Bolena (rôle-titre, 1957) de Gaetano Donizetti, Iphigénie en Tauride de Christoph Willibald von Gluck (en italien, rôle-titre, 1957), et surtout, en mai 1955, une Traviata demeurée légendaire où, sous la férule de Visconti et la baguette de Carlo Maria[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : licence de lettres et sciences humaines, maîtrise de lettres modernes, concepteur et présentateur des émissions musicales classiques de France-3 et R.T.L.

Classification

Médias

Maria Callas - crédits : Keystone Features/ Hulton Archive/ Getty Images

Maria Callas

Maria Callas et Tito Gobbi - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Maria Callas et Tito Gobbi

Autres références

  • DI STEFANO GIUSEPPE (1921-2008)

    • Écrit par
    • 1 132 mots

    Imprévisible, irrésistiblement séducteur, Giuseppe Di Stefano fut certainement l'un des plus fascinants ténors di grazia de l'après-guerre, digne successeur de Beniamino Gigli et de Tito Schipa. Rudolf Bing, le redouté directeur du Metropolitan Opera de New York de 1950 à 1972, le...

  • GIULINI CARLO MARIA (1914-2005)

    • Écrit par
    • 1 364 mots
    • 1 média
    En octobre 1951, Giulini fait ses débuts lyriques à la scène en dirigeant La Traviata de Verdi au Teatro Donizetti de Bergame – avec Maria Callas dans le rôle-titre – et il participe cette même année à la fondation de l'Orchestre symphonique de la R.A.I. à Milan, avec lequel il va donner en studio...
  • SCÉNOGRAPHIE LYRIQUE

    • Écrit par et
    • 7 185 mots
    • 5 médias
    ...Felsenstein, d'hommes de théâtre ou de cinéma, comme Giorgio Strehler ou Luchino Visconti, ou encore de l'exceptionnelle chanteuse-actrice que fut Maria Callas. Ces divers phénomènes ont pourtant des significations très différentes : il n'y a rien de commun entre le travail d'un Wieland Wagner, qui...
  • TEBALDI RENATA (1922-2004)

    • Écrit par
    • 992 mots

    Les foules n'ont pas le cœur assez vaste pour accueillir ensemble deux étoiles de première grandeur. L'impérieuse présence théâtrale et le prodigieux sens dramatique de Maria Callas finiront par éclipser le charme souverain de l'une des plus belles voix de l'après-guerre, celle de...