TALLCHIEF MARIA (1925-2013)
Considérée comme la première prima ballerina (titre suprême, équivalent d’étoile) américaine, Maria Tallchief est également la première danseuse amérindienne de l’histoire de la danse. Elle a révolutionné la technique du ballet par sa rapidité d’exécution et le caractère passionné de sa danse. Épouse et muse de George Balanchine, elle fut également la première danseuse étoile américaine à avoir été invitée à danser à l’Opéra de Paris et au Bolchoï de Moscou.
De son vrai nom Elizabeth Marie Tall Chief (Ki He Kah Stah Tsa pour son nom indien), Maria Tallchief naît le 24 janvier 1925 à Fairfax, dans l’Oklahoma (États-Unis). Son père, Alexander Joseph Tall Chief, est indien de la tribu Osage ; sa mère, Ruth Porter, est d’origine irlando-écossaise. Elle prend ses premiers cours de danse classique à l’âge de trois ans. En 1933, la famille déménage à Los Angeles, puis à Beverly Hills. Au collège, Maria Tallchief subit pour la première fois la discrimination raciale, ce qui la pousse à transformer son nom de Tall Chief en Tallchief. À douze ans, Maria Tallchief prend des cours avec David Lichine et Bronislava Nijinska. Cette dernière jouera le rôle d’un mentor dans sa carrière.
En 1942, Tatiana Riabouchinska, ex-danseuse des Ballets russes de Serge Diaghilev et amie de la famille, propose d’emmener Maria Tallchief à New York. Elle est alors engagée, à l’âge de dix-sept ans, au Ballet russede Monte-Carlo dirigé par Serge Denham et installé aux États-Unis depuis 1939. Elle y retrouve notamment Nijinska venue monter Chopin Concerto. Lors de la création de Rodeo d’Agnès de Mille (1942), cette dernière lui suggère de « russifier » son nom en Tallchieva. Elle refuse catégoriquement, fière de ses origines, mais accepte de modifier son prénom et devient Maria.
C’est dans cette compagnie du Ballet russe de Monte-Carlo que Maria Tallchief rencontre en 1944 George Balanchine, de vingt et un ans son aîné, engagé comme chorégraphe. Elle l’épousera en août 1946. Elle devient première soliste et crée le rôle de « Coquette » dans Night Shadow en 1946 (ballet rebaptisé en 1961 La Somnambula). Elle est ensuite invitée à l’Opéra de Paris avec Balanchine en 1947. Elle y danse Le Baiser de la fée et Apollon musagète. Elle est alors la première danseuse américaine à fouler la scène de l’Opéra de Paris. De retour à New York, Maria Tallchief quitte le Ballet russe de Monte-Carlo et devient la première prima ballerina du New York City Ballet qui ouvre ses portes en octobre 1948. Balanchine crée pour elle des rôles sur mesure : Sylvia Pas de deux (1950), À la Françaix (1951), Symphonie en ut (intitulé initialement Le Palais de cristal et créé en 1947 à l’Opéra de Paris). Mais l’une de ses meilleures prestations sera celle de L’Oiseau de feu (1949). Elle divorce en 1952 pour épouser un pilote, Elmourza Natirboff (dont elle divorcera deux ans plus tard), mais reste dans la compagnie jusqu’en 1960. Son interprétation de « La Fée Dragée » dans Casse-Noisette en 1954 fera date et contribuera à rendre ce ballet si populaire en Amérique qu’il sera donné tous les ans.
Parallèlement, Maria Tallchief est étoile invitée dans nombre de compagnies, notamment le Chicago Opera Ballet, Le San Francisco Ballet, Le Royal Danish Ballet. Elle retournera également au Ballet russe de Monte-Carlo en 1954-1955 où son cachet sera de deux mille dollars par semaine, faisant d’elle la danseuse la mieux payée au monde.
En 1960, Maria Tallchief rejoint l’American Ballet Theatre. Elle danse alors avec Erik Bruhn – un des meilleurs danseurs de l’époque – et est invitée, avec lui, en Russie où elle est la première Américaine à danser au Bolchoï de Moscou. Elle participe également à de nombreux shows télévisés : en 1962, elle est notamment la partenaire de Noureev lorsque celui-ci fait sa première apparition télévisée. En 1966, à l’âge[...]
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Écrit par
- Agnès IZRINE : écrivaine, journaliste dans le domaine de la danse
Classification
Média