MARIAGE, histoire du costume
L'enjeu du mariage dépasse le seul couple, il engage la permanence du corps social. L'influence du mode de vie occidental, qui s'accroît dans la seconde moitié du xxe siècle, et l'uniformisation culturelle qui en découle sont en passe de s'imposer aux dépens de toute autre forme de société. Presque partout la couleur du mariage est désormais le blanc, couleur de la robe que porte la mariée, la tenue vestimentaire du marié n'étant pas aussi strictement définie. Mais cette coutume quasi universelle est récente. Apparue en Europe à la fin du xviie siècle, elle conquiert le milieu urbain au xixe siècle pour triompher de la diversité des costumes régionaux après la Première Guerre mondiale.
L'iconographie et les textes n'abondent pas en renseignements concernant les costumes de noce européens portés avant le xixe siècle ; néanmoins, ils nous apprennent que les noces ne nécessitaient pas alors de vêtements distinctifs : à cette occasion, les mariés et leurs invités étrennaient de nouveaux habits, destinés à être portés ultérieurement ; la robe de la mariée — elle portait alors tous ses bijoux — était richement ornée. À partir de 1750 sont mentionnées de plus en plus souvent, dans les milieux aristocratiques et bourgeois, des robes où domine le blanc, décorées de broderies florales or ou argent ; elles concurrencent alors les robes aux couleurs vives. Un pas décisif est franchi quand la mode néo-classique impose le goût du blanc en toute circonstance, en imitation de la simplicité antique. Dès lors, les grands mariages, ceux qui donnent le ton et qui sont décrits par les gazettes, se font toujours en blanc : la mariée est vêtue de la robe blanche et du voile, et la forme du costume, avec traîne, copie celle de la robe de cour. Le mariage de la reine Victoria (1840) puis celui de l'impératrice Eugénie (1853) officialisent cette toilette.
La croissance économique et une certaine aisance financière permettent, à l'époque, de faire du mariage le plus grand événement familial, voire mondain. La splendeur de la robe de la mariée ainsi que sa corbeille révèlent la position sociale des deux familles liées par la cérémonie. La robe est définitivement blanche, impossible de la confondre avec une robe destinée à d'autres usages : c'est la robe d'un seul jour. Si elle se conforme toujours à la mode par sa coupe et son style, le décolleté immodeste est banni, les manches sont longues, la traîne imposante, et le voile de rigueur est si possible ancien, transmis par la famille de génération en génération. Les garnitures de fleurs d'oranger et le bouquet complètent l'ensemble. Venus de France, ils s'imposent en Angleterre, au détriment des roses et des branches de romarin, puis dans le Nouveau Monde. L'influence de la mode française et de la haute couture naissante ont fait le reste, imposant un modèle unique qui n'a guère varié jusqu'à nos jours.
Parallèlement à l'apparition de ce nouveau costume circonstanciel, adopté d'abord par les citadins, le costume régional en France vit un âge d'or, avant sa disparition définitive au xxe siècle. Les cérémonies du mariage sont l'un des moments forts dans la vie de la communauté ; le rituel organisé de l'échange de cadeaux, bijoux et vêtements traduit le passage du célibat au nouvel état. En Bretagne, les fiancés s'offrent croix, cœurs, scapulaires ou épingles de pardon. En Bretagne encore et dans d'autres régions, le rouge et les broderies éclatantes sont les couleurs de la fête et de la joie. L'anneau d'or porté constamment à l'annulaire ne se généralise que dans la seconde moitié du siècle : auparavant, l'alliance n'est guère portée, comme le confirme l'iconographie.
Au xixe siècle, c'est par le voile que le blanc s'introduit[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Renée DAVRAY-PIÉKOLEK : conservateur du Patrimoine de la Ville de Paris
Classification