LARRA MARIANO JOSÉ DE (1809-1837)
En un combat solitaire et sans issue, Mariano José de Larra y Sánchez de Castro, qui porte en lui-même Figaro et Antony, tourne ses armes – l'humour, le sarcasme, le sous-entendu – contre ses compatriotes qu'il raille plus qu'il ne les décrit, contre les hommes d'État qui déçoivent ou trahissent, contre l'Espagne tout entière qu'il fustige parce qu'il la voudrait autre, contre lui-même enfin : précocement usé à vingt-huit ans, il conclut par un suicide au pistolet une existence ballottée qui ne peut être réduite à une forme de romantisme vécu.
Contradictions et tourments
Intransigeant dans son refus du lyrisme, il laisse affleurer dans ses articles de presse, plus encore que dans ses drames et ses poésies, des aveux qui révèlent un être écartelé et déraciné : européen à Madrid, où il naquit et mourut, il est fièrement espagnol à Londres et à Paris ; il ne croit pas en la femme, non plus qu'en l'ami, mais se voue à une passion adultère, exclusive et tourmentée ; il place sa foi politique dans le concept de « liberté », mais retire sa confiance aux libéraux ; il cultive en secret un narcissisme de dandy, mais nourrit ses articles d'observations si minutieuses que le moindre objet, dans les mains du savetier ou de la chiffonnière, en est comme magnifié ; il affirme l'utilité sociale de la religion catholique, mais pousse l'hétérodoxie jusqu'à célébrer les vertus du protestantisme ; il se supplicie en clouant au pilori, dans une de ses critiques théâtrales, l'Antony d'Alexandre Dumas, dont il est le frère à bien des égards.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-René AYMES : professeur d'espagnol à l'iniversité François-Rabelais, Tours
Classification
Autres références
-
COSTUMBRISME, littérature
- Écrit par Bernard SESÉ
- 385 mots
Dans la littérature espagnole, le costumbrismo désigne l'intérêt porté à la description des us et coutumes (costumbres) d'une région, d'un milieu, d'une société. De façon générale, il s'agit d'une constante de la littérature espagnole depuis le Moyen Âge et la Renaissance (archiprêtre...
-
ESPAGNE (Arts et culture) - La littérature
- Écrit par Jean CASSOU , Corinne CRISTINI et Jean-Pierre RESSOT
- 13 749 mots
- 4 médias
...Elle recherche moins le pittoresque et la couleur que la vérité. Et la préoccupation du problème national est au fond de cette inquiétude. Ainsi Mariano José de Larra (1809-1837), qui se suicide en pleine jeunesse, a-t-il, dans ses chroniques de la vie sociale espagnole, dit avec ironie et mélancolie... -
ESPRONCEDA JOSÉ DE (1808-1842)
- Écrit par Robert MARRAST
- 908 mots
La vie, l'œuvre et l'action d'Espronceda se situent dans une époque où l'Espagne est agitée de forts soubresauts : après la guerre de l'Indépendance et la restauration de 1814, vint l'expérience constitutionnelle de 1820-1823. Espronceda est d'abord l'élève d'Alberto Lista (1775-1848), pédagogue...