RAMPOLLA DEL TINDARO MARIANO (1843-1913)
Cardinal et secrétaire d'État de Léon XIII. Originaire d'une famille noble de Sicile, Rampolla del Tindaro commence sa carrière en 1870 comme attaché à la congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires. Conseiller (1875) puis chargé d'affaires (1876) à la nonciature de Madrid, il contribue à rapprocher les deux groupes catholiques, celui des intransigeants carlistes et celui des modérés alphonsistes. Nommé, en 1877, secrétaire de la section pour l'Orient chrétien à la congrégation de Propaganda Fide, il réussit à mettre un terme au schisme arménien et devient, en novembre 1880, secrétaire de la congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires. Désigné en 1882 comme nonce en Espagne, et sacré à cette occasion évêque titulaire d'Héraclée, il poursuit ses efforts en vue de rallier les carlistes au régime constitutionnel et prépare la médiation du pape entre l'Allemagne et l'Espagne dans l'affaire des Carolines.
Créé cardinal en 1887, il est nommé peu après secrétaire d'État, poste qu'il occupera jusqu'à la mort de Léon XIII en 1903. Il est impossible, dans l'état actuel de la documentation, de déterminer respectivement la part du pape et celle de son secrétaire d'État dans la direction des affaires de l'Église durant ces seize années. Regardé par ses adversaires, qui étaient nombreux tant à la curie que dans le monde germanique et dans les milieux monarchistes de France, comme le mauvais génie de Léon XIII, Rampolla semble plutôt avoir été un exécutant dévoué, s'appliquant à réaliser au mieux les idées de son maître avec l'aide de quelques collaborateurs particulièrement bien choisis. Dans les relations avec le gouvernement italien, au cours desquelles l'attitude du Vatican se raidit après l'échec des tentatives de rapprochement qui marquèrent les dix premières années du pontificat, l'antagonisme entre les deux Siciliens qu'étaient le cardinal Rampolla et le président Crispi a pu contribuer à cette détérioration de la situation. Les sympathies profrançaises du secrétaire d'État favorisèrent la politique de Léon XIII, dite de ralliement à la IIIe République. Ce facteur, conjugué avec l'appui que, très conscient du rôle croissant des masses populaires dans la vie des nations modernes, Rampolla apporta aux mouvements chrétiens sociaux et aux aspirations nationalistes des Slaves des Balkans, mécontenta profondément l'Autriche-Hongrie. En revanche, le souci de bonnes relations avec la Russie lui fit négliger les intérêts polonais, ce qui incita le cardinal Puzyna, archevêque de Cracovie, à encourager le gouvernement de Vienne, d'abord hésitant, à faire usage contre Rampolla du veto impérial lors du conclave qui suivit la mort de Léon XIII. Il semble cependant que, de toute façon, le secrétaire d'État, qui obtint jusqu'à vingt-neuf suffrages lors des premiers votes, n'aurait jamais atteint les deux tiers des voix.
Devenu, sous Pie X, secrétaire du Saint-Office et président de la Commission biblique, Rampolla, qui s'était montré ouvert aux tendances libérales en politique, y prit une attitude nettement conservatrice. S'abstenant désormais de toute intervention dans les affaires publiques, il passa les dix dernières années de sa vie dans une retraite pieuse et érudite.
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Écrit par
- Roger AUBERT : professeur à l'université de Louvain
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