RUMOR MARIANO (1915-1990)
Homme d'État italien, l'un des dirigeants de la démocratie chrétienne. Originaire de Vénétie (la Vendée italienne), fils d'un des initiateurs du christianisme social, Mariano Rumor est professeur de lycée, après des études sanctionnées par une licence et un doctorat de lettres. Chaleureux et ouvert comme son père aux préoccupations sociales de l'Église, il est remarqué par De Gasperi en 1946, après avoir participé à la Résistance dans les rangs de la démocratie chrétienne clandestine depuis 1943. Moins doctrinaire que les chefs de la gauche du parti (Moro, La Pira, Dossetti), c'est l'homme des conciliations et des motions de synthèse. Adjoint de Fanfani à la tête du parti, il en devient secrétaire général en 1965.
Après avoir détenu le portefeuille de l'Agriculture, il révèle ses talents et son énergie comme ministre de l'Intérieur, une première fois en 1963 contre la Mafia dont il fait arrêter trente-six chefs, y compris ceux qui appartenaient à la démocratie chrétienne, puis, en 1973, au moment des graves attentats de Milan. Chef de gouvernement de coalition centre gauche en décembre 1968, en août 1969, en mars 1970 et en juillet 1973, il redevient pour la cinquième fois Premier ministre en mars 1974 et réunit dans son cabinet les représentants des deux ailes opposées de la majorité. Mais la gravité de la situation économique et les contradictions qu'elle suscite dans le gouvernement provoquent la chute de celui-ci en octobre 1974. Il est ensuite ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement Moro (1974-1976) ; il perd toute fonction ministérielle après avoir été impliqué dans une affaire de pots-de-vin (déc. 1976). De 1979 à 1984, il est député au Parlement européen.
Homme politique avisé, Rumor franchit habilement, alors qu'il est au pouvoir, le difficile « automne chaud » de 1969 marqué par une vague d'agitation sociale et de terrorisme. Il sait démissionner quand l'opposition se fait trop forte (juill. 1970) et revient toujours au premier plan. Ce catholique intransigeant mais manœuvrier fut l'un des personnages « inusables » de son parti. Célibataire, on disait volontiers de lui qu'il avait « épousé la démocratie chrétienne ».
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Écrit par
- Paul-Jean FRANCESCHINI : journaliste
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