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BÉTHOUART MARIE ANTOINE (1889-1982)

Fils d'un conservateur des hypothèques, Marie Antoine Émile Béthouart naît à Dole (Jura) le 17 décembre 1889. Reçu à Saint-Cyr en 1909, dans la promotion des futurs général de Gaulle et maréchal Juin, il fait la Première Guerre mondiale dans l'infanterie.

En mission d'instruction auprès de l'armée finlandaise qui épaule en 1919 les armées russes blanches, Antoine Béthouart est reçu à l'École de guerre en 1920 et constate qu'on y dispense un enseignement entaché d'immobilisme et non une doctrine nouvelle. À Limoges puis dans les troupes de chasseurs alpins où il va servir huit ans, il déplore l'« acharnement à paraître défensifs » et doute de l'efficacité de la politique militaire qu'illustrera bientôt la ligne Maginot.

En mission en Yougoslavie de 1931 à 1933, Antoine Béthouart revient à Belgrade comme attaché militaire de 1934 à 1938. Il y vit les problèmes de la Petite Entente qu'essaie de développer Louis Barthou ; il assistera d'ailleurs, en 1934, à l'assassinat de celui-ci et du roi Alexandre de Yougoslavie à Marseille par des Croates.

En août 1938, Antoine Béthouart prend le commandement de la cinquième demi-brigade de chasseurs alpins et y déplore à nouveau l'état d'esprit défensif, conséquence « de vingt années de statu quo et d'inertie politique et militaire ». En janvier 1940, il est chargé de constituer une brigade de haute montagne pour combattre en Finlande les troupes soviétiques. La paix étant intervenue entre Helsinki et Moscou, sa brigade — devenue division — est engagée en Norvège après l'invasion de celle-ci par les troupes allemandes. Le jeune général Béthouart s'installe à Namsos en avril 1940 et dirige, en mai, le débarquement de Narvik où ses troupes sont renforcées par des éléments de la Légion étrangère et une unité polonaise. La victoire locale qu'il remporte permet à Paul Reynaud d'affirmer que « la route du fer est coupée ». Mais les troupes alliées réembarquent entre le 2 et le 7 juin. Cet unique succès sur l'Axe n'a aucune influence sur le déroulement de la guerre éclair. Comme l'écrira plus tard Henri Michel, la preuve était faite « qu'un théâtre d'opérations périphériques n'avait d'intérêt que si le front principal tenait bon ». Mais la campagne de Norvège fut importante en ce qu'elle montrait les possibilités d'opérations combinées, le besoin de matériel de débarquement, la nécessité d'une maîtrise de l'espace aérien. Ces enseignements serviront en 1943 et 1944. À compter du 26 janvier 1942, le général Béthouart commande la division de Casablanca et a des contacts avec le « groupe des Cinq » qui prépare le débarquement d'Afrique du Nord et le retour au combat sous l'autorité du général Giraud.

Du 24 décembre 1942 au 10 novembre 1943, le général Béthouart est chef de la mission militaire française aux États-Unis et négocie les envois de matériels américains nécessaires à la reconstitution d'une armée française comprenant 3 divisions blindées, 8 divisions d'infanterie et un corps aérien de 1 000 avions. Conjuguant ses efforts avec la mission gaulliste d'Adrien Tixier et avec Jean Monnet, le général Béthouart obtient finalement de Washington 2 divisions blindées (en attendant celle de Leclerc), 5 divisions d'infanterie. Trois milliards de dollars de matériel seront fournis à la France combattante : 1 400 avions, 5 000 tanks, 3 000 canons, 160 000 fusils, 30 000 mitrailleuses. À partir du 6 avril 1944, le général Béthouart, rentré des États-Unis depuis novembre, devient chef d'état-major de la Défense nationale et veille à unifier les troupes gaullistes et giraudistes. Commandant le premier corps d'armée dans l'armée de De Lattre, il effectue le débarquement de Provence. En novembre,[...]

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Écrit par

  • : docteur en études politiques et en histoire, ancien délégué-adjoint aux célébrations nationales (ministère de la Culture et de la Communication)

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