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MARIE DES VALLÉES (1590-1656)

Née à la campagne, dans la région de Coutances, Marie des Vallées est atteinte, à vingt ans, d'un mal étrange. Soupçonnée d'être sorcière, elle est déférée au parlement de Normandie (1614), qui estime le soupçon sans fondement. Retirée à Coutances, elle y est considérée comme une possédée du démon, victime des sorciers. Elle souffre les peines de l'enfer et offre ses souffrances pour « ses frères qui se perdent ». C'est un cas difficile. L'évêque de Coutances prie un oratorien, Jean Eudes, de s'en occuper (1641). Le directeur admire sa dirigée. Il tient ses visions pour surnaturelles. Il rassemble tout ce qu'il sait d'elle dans des cahiers, qu'il intitule La Vie admirable de Marie des Vallées et des choses prodigieuses qui se sont passées en elle (1655).

En 1673, un chanoine de Rouen obtient la copie de quelques extraits de ce manuscrit. Il en conclut que le père Eudes s'est rendu coupable de douze hérésies, d'extravagances et d'absurdités. Il publie un pamphlet, anonyme, Lettre à un docteur de Sorbonne (1674). Il est désormais de bon ton, dans la république des lettres, de railler le père Eudes et sa « béate ». H. Bremond intitule un chapitre de l'Histoire littéraire du sentiment religieux (t. III) : « Le Père Eudes et Marie des Vallées ». Il s'y montre sensible aux dons poétiques de la voyante. Il est agacé par les détracteurs et par les admirateurs de la « sainte de Coutances », les uns et les autres partisans du « tout ou rien ». Il pense que la maladie n'empêche pas le patient de se sanctifier. Marie des Vallées, certainement une sainte fille, semble bien avoir été victime, à la fois, d'une maladie, peut-être de la catatonie, et des idées courantes parmi ses contemporains.

— Charles BERTHELOT DU CHESNAY

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