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GUYART MARIE (1599-1672)

Première religieuse missionnaire de la chrétienté, supérieure et fondatrice des Ursulines de Québec, mystique doublée d'une femme d'affaires, Marie Guyart, en religion Marie de l'Incarnation, occupe une place privilégiée dans l'histoire religieuse de la Nouvelle-France. Vingt ans avant l'arrivée en Nouvelle-France du premier évêque, le vicaire apostolique François de Laval, cette intrépide missionnaire française dispense l'enseignement tant aux filles des colons qu'aux jeunes Indiennes.

Marie Guyart est née à Tours, de Florent Guyart, maître boulanger, et de Jeanne Michelet, descendante d'une famille distinguée, les Babou de La Bourdaisière. Dès sa plus tendre enfance, Marie reçut une forte éducation religieuse et, vers l'âge de quatorze ans, elle aspirait au cloître. Adolescente vive et enjouée néanmoins, elle s'intéressait aux réalités de ce monde et aux romans. Aussi, ses parents la marièrent-ils à Claude Martin, un maître ouvrier en soie, qui mourut deux ans plus tard, laissant à Marie un fils de six mois. Marie rêva de nouveau au cloître et repoussa toute nouvelle proposition de mariage. Se consacrant à ses affaires, alors en piètre état, et à l'éducation de son fils, elle fit cependant le vœu de chasteté et se livra aux exercices de piété. Peu de temps après, le 24 mars 1620, elle connut sa première expérience mystique, qu'elle appela sa « conversion » et à la suite de laquelle elle fit encore vœu de pauvreté et vœu d'obéissance. Véritable religieuse dans le siècle, elle alla vivre chez sa sœur, épouse d'un marchand voiturier. Ayant réglé avec bonheur la succession de son mari, elle prit en 1625 la direction de l'entreprise assez considérable de son beau-frère, Paul Buisson. Le 25 janvier 1631, Marie, se sentant mourir « toute vive », confia à sa sœur la garde de son fils Claude, alors âgé de près de douze ans, et entra chez les Ursulines de Tours. Elle y prononça ses vœux en 1633 et prit le nom de Marie de l'Incarnation.

Bientôt les pensées de l'ursuline se portèrent toutes vers la Nouvelle-France, qu'elle avait vue dans un songe où lui fut révélée sa vocation missionnaire. La lecture des Relations des Jésuites et l'appel du père Paul Le Jeune aux communautés de France déterminèrent Marie à demander à partir pour la colonie. Jamais encore, dans l'histoire de l'Église, on n'avait vu des religieuses partir pour les missions étrangères.

Marie de l'Incarnation, en compagnie de Mme Chauvigny de La Peltrie et de deux consœurs ursulines, quitta le port de Dieppe le 4 mai 1639. Trois hospitalières s'étaient jointes à elles, affectées au futur hôtel-Dieu de Québec. Après une traversée longue et périlleuse, elles débarquèrent à Québec le 1er août.

La colonie ne comptait guère plus de trois cents habitants, et Québec n'était qu'un misérable bourg. Les Ursulines s'installèrent dans une masure, que Marie appelait son « Louvre ». Redevenue la femme d'affaires avisée qu'elle avait été naguère, elle entreprit la construction d'un vaste monastère en pierre, qui devait être terminé en 1642. Marie veillait à tout : constructions, culture des terres, enseignement aux filles de colons et aux Indiennes, direction de la communauté. Elle trouvait encore le temps de conseiller, dans la conduite des affaires civiles, le gouverneur et les principaux officiers du pays, de s'entretenir longuement de sujets religieux avec les missionnaires jésuites, de rédiger des ouvrages en langue indienne : elle maîtrisait en effet et enseignait à ses sœurs l'algonquin, le huron et l'iroquois. Chaque été, pendant la courte période de la navigation, elle écrivait en outre des centaines de lettres à des correspondants de France. À cette femme d'action, les épreuves, cependant, ne manquèrent[...]

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Écrit par

  • : directeur général des presses de l'université Laval

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