TAGLIONI MARIE (1804-1884)
Danseuse italienne née à Stockholm et morte à Marseille. Fille du danseur et chorégraphe Philippe Taglioni (1778-1871) et d'une cantatrice suédoise, Marie Taglioni commence ses études de danse à Paris avec Jean-François Coulon, mais celui-ci est plus que réticent devant le physique et le travail de la jeune fille ; son père décide alors de la faire travailler lui-même. Marie Taglioni raconte elle-même dans ses Mémoires leur travail : « Dans ces six heures de travail [par jour], deux au moins étaient employées rien qu'à des exercices, dont des milliers pour chaque pied. Puis deux heures étaient employées à ce que j'appellerai des aplombs ou adagio[sic]. Ainsi, me tenant sur un seul pied, je prenais des poses qu'il fallait développer doucement. Lorsque la pose offrait de grandes difficultés, je tâchais de la garder et je comptais jusqu'à cent avant de la quitter. Avec cette persévérance, j'en devenais tout à fait maîtresse. Ces poses doivent être faites en se tenant sur la demi-pointe du pied. Ça m'a beaucoup servi et plaisait énormément au public. Je recourais à ces poses lorsque j'avais besoin de repos, tandis que, pour les autres artistes, c'est généralement une fatigue. On nomme aujourd'hui aplomb ou adagio des groupes grotesques que l'on fait avec le secours d'un danseur qui a l'air d'une espèce de clown. Il n'y a là aucun mérite, et franchement c'est fort disgracieux. Les deux autres heures étaient employées à sauter. À force de sauter, on finit par trouver des élans de biche. Pour moi, je sais que je pouvais me lancer à travers la scène en un ou deux bonds, m'élevant en me tournant sur moi-même d'une façon qui surprenait beaucoup. »
Ses bras étant trop longs, son père lui apprend à les croiser sur la poitrine ou à les tenir baissés poignets joints, pour ne pas attirer l'attention sur eux : Marie Taglioni crée ainsi de nombreuses poses, qu'on retrouve encore de nos jours dans de nombreux ballets. Elle révèle aussi la danse sur pointes. Après six mois de travail acharné, entièrement façonnée par son père, elle ne paraît que dans des variations réglées par lui ; elle débute à Vienne en 1822, puis danse dans plusieurs villes d'Allemagne, où elle remporte un vif succès. Elle danse pour la première fois à Paris en 1823, avant de débuter à l'Opéra en 1827 dans le balletLe Sicilien, puis dans La Vestale et dans Les Bayadères ; l'accueil du public est enthousiaste devant cette technique nouvelle.
Marie Taglioni effectue ensuite une tournée en Allemagne, avant de revenir à l'Opéra de Paris, où elle restera de 1828 à 1837. Elle y danse : La Belle au bois dormant, Psyché, Le Dieu et la bayadère, avant de paraître aux côtés de son frère Paul, dans La Sylphide, le 12 mars 1832 (musique : Schneitzhoeffer ; chorégraphie : P. Taglioni ; décor : P. L. C. Ciceri ; costumes : Lami). Le costume de Marie Taglioni est une simple jupe de gaze blanche qui est devenu depuis lors l'uniforme du ballet. Théophile Gautier la décrit ainsi : « Lorsqu'elle entre en scène, on voit toujours apparaître ce brouillard blanc ennuagé de mousseline transparente, cette vision chaste et éthérée que nous connaissons bien. » Après son triomphe, elle crée encore plusieurs œuvres de son père, dont Nathalie ou la Laitière suisse en 1832 et La Fille du Danube en 1836. Ayant quitté l'Opéra, elle poursuit sa carrière européenne d'abord en Russie de 1837 à 1842, en Italie et en Angleterre de 1841 à 1847 ; c'est à Londres qu'elle crée, le 26 juin 1845, le fameux Pas de quatre sur une musique de Pugni et une chorégraphie de Perrot avec Grisi, Cerrito et Grahn. On lui doit également le premier ballet dans lequel la lumière électrique (lampes à arc) a été utilisée : Electra, en 1849.[...]
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Écrit par
- Jane PATRIE : danseuse
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