NGOUABI MARIEN (1938-1977)
Marien Ngouabi, président de la République populaire du Congo, assassiné le 18 mars 1977, apparaissait comme un homme sincère, intègre et même austère. Idéologue rejetant la notion d'un socialisme typiquement africain, le commandant Ngouabi prônait un socialisme scientifique marxiste-léniniste. Reconnaissant le principe de la lutte des classes, il entendait, par une première étape révolutionnaire, renforcer l'unité nationale pour lutter contre les divisions tribales et le néo-colonialisme, le Parti congolais du travail étant le fer de lance de la Révolution.
Malgré sa rigueur idéologique, le président Ngouabi s'est montré pragmatique sur le plan économique et international. Si le but final est la construction d'une société socialiste par appropriation des moyens de production, les conditions objectives ne sont pas réunies pour sa réalisation immédiate. Pour assurer le développement économique du Congo, il est fait appel aux investissements privés nationaux et étrangers ; les nationalisations restent limitées. Les attaques du président Ngouabi contre l'impérialisme français n'ont pas empêché la persistance de liens économiques étroits avec la France, le maintien dans la zone franc et l'existence de relations privilégiées avec la Communauté économique européenne. Les relations internationales, notamment avec les pays africains, sont davantage fondées sur des rapports de bon voisinage que sur l'adhésion à une même idéologie.
L'autorité du président Ngouabi, né à Ombélé dans le nord du Congo, reposait sur son appartenance à l'ethnie Mbochi et sur l'armée populaire nationale. Sous-officier dans l'armée française, élève de l'École militaire interarmes de Coëtquidan, le lieutenant Ngouabi est nommé en 1963 commandant de la place de Pointe-Noire, puis chargé de la formation du premier bataillon de commandos parachutistes de Brazzaville. En 1966, membre du comité central du Mouvement national de la révolution sous le régime du président Massamba-Debat, il représente le groupe nordiste de l'armée. Compromis dans les luttes politiques, arrêté et incarcéré pour peu de temps en juillet, il prend le pouvoir en août 1968 et devient chef de l'État le 31 décembre. Président du Parti congolais du travail, créé le 31 décembre 1969, il est également président du Conseil d'État, chef des armées. chargé de la défense nationale, puis, en mars 1971, de la sécurité. Il accroît son pouvoir personnel en éliminant ses adversaires politiques. Le commandant Alfred Raoul démissionne en 1971. L'échec des coups d'État, de « droite » du lieutenant Kiganga en mars 1970, puis de « gauche » du lieutenant Ange Diawara en février 1972, lui permet de renforcer la discipline du parti à la conférence nationale (juillet 1972) puis au congrès extraordinaire (décembre 1972). La Constitution du 12 juillet 1973, adoptée par référendum, lui assure légitimité et pouvoir personnel.
Malgré de nombreuses purges au sein du parti et de l'armée, le régime apparaît comme instable en raison des rivalités personnelles et ethniques qui se manifestent au niveau des instances dirigeantes. L'ordre public est troublé par de fréquentes manifestations d'élèves et de syndicalistes. Le marasme économique dû à la chute des cours mondiaux du bois et la surestimation des réserves pétrolières accroissent les difficultés du président Ngouabi. Son assassinat dans des conditions mal éclaircies permet aux nouveaux dirigeants de s'orienter vers une politique plus favorable aux puissances occidentales.
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Écrit par
- Brigitte NOUAILLE-DEGORCE : assistante de recherche au centre d'études d'Afrique noire à l'Institut d'études politiques de Bordeaux
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