MONROE MARILYN (1926-1962)
À la fois sensuelle, innocente et enfantine, Marilyn Monroe a conquis hommes et femmes. Elle a surtout incarné la mutation du système hollywoodien : elle fut en effet la dernière star « à l'ancienne » qui, toute sa vie, s'est battue pour s'imposer comme une vraie actrice. En la transformant en « icône » du pop art dans ses tableaux, Andy Warhol opéra une dernière métamorphose.
Des débuts laborieux
Norma Jeane Mortenson, qui prendra plus tard le nom de Baker, naît à Los Angeles en 1926. Elle connaît une enfance difficile entre une mère atteinte de troubles mentaux et internée à plusieurs reprises et un père inconnu. Ballottée d'orphelinats en familles d'adoption, peut-être violée alors qu'elle n'avait qu'une dizaine d'années, elle pense échapper à sa condition en se mariant dès seize ans. Son physique attirant lui permet de devenir modèle dès 1944. Marilyn Monroe restera fidèle à l'objectif de l'appareil photo jusqu'à sa fin prématurée : elle est sans doute la star hollywoodienne qui s'est le plus prêtée aux grands photographes (Milton Green, Bert Stern), pour lesquels elle fut une véritable inspiratrice.
Elle se retrouve ensuite à Hollywood, actrice sans expérience, cantonnée aux films à petit budget. Ni la 20th Century-Fox, ni la Columbia, ni la M.G.M. ne se doutent de son potentiel. De ses débuts, on retiendra son irruption dans le bureau du détective privé Groucho Marx dans La Pêche au trésor (Love Happy, David Miller, 1949). Dans Quand la ville dort (The Asphalt Jungle, 1950), John Huston lui donne son premier véritable rôle, celui de la jeune protégée du notable Louis Calhern ; déjà sa conception très personnelle du « sex appeal » est en place quand elle entrebâille une porte, mi-sirène, mi-innocente. Ève (All about Eve, Joseph L. Mankiewicz, 1950) confirme son ascension. Dans le rôle de Miss Casswell, jeune actrice sans talent mais au physique notable, elle se moque déjà d'elle-même, ou plutôt de l'image qu'Hollywood veut divulguer d'elle.
Son bref mariage avec le joueur de base-ball Joe DiMaggio, gloire nationale dont le machisme ne sut accepter l'image publique de sa femme, mais qui lui restera fidèle au-delà de la mort, lui gagne les journaux à gros tirages. Mais, après qu'elle a interprété avec sincérité le rôle d'une ouvrière d'usine dans Le démon s'éveille la nuit (Clash by Night, Fritz Lang, 1951) et réussi une création secondaire mais étourdissante de secrétaire inconsciente de ses charmes dans Chérie je me sens rajeunir (Monkey Business, Howard Hawks, 1952), qui confirme son vrai talent de comédienne, la 20th Century-Fox, où elle est sous contrat, la promeut enfin aux premiers rôles.
Elle se révèle inattendue mais convaincante en criminelle psychopathe dans Troublez-moi ce soir (Don't Bother to Knock, Roy Ward Baker, 1952), puis en femme adultère et toujours criminelle, dans Niagara (Henry Hathaway, 1953). Ce dernier film est certainement l'un des premiers où transparaissent les signes de la future icône cinématographique : les draps du motel sous lesquels on la devine nue et la robe moulante, rose « shocking » (« Quand on porte une robe pareille, on a sans doute commencé à y penser dès l'âge de quatorze ans », commente sa rivale).
Cette même année, c'est Howard Hawks qui fait d'elle, et à jamais, une star à part entière, avec la comédie musicaleLes hommes préfèrent les blondes (Gentlemen Prefer Blondes, 1953). Devinant le manque d'assurance de la femme et de la comédienne, Hawks lui offre une partenaire féminine brune, grande et sûre d'elle-même (Jane Russell) qui, dans le film comme pendant le tournage, la rassure et la couve. De « blonde idiote » qu'elle était dans l'imagination un peu cruelle de l'écrivain Anita Loos, le personnage de Lorelei Lee devient, dans[...]
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Écrit par
- Christian VIVIANI
: historien du cinéma, professeur émérite, université de Caen-Normandie, membre du comité de rédaction de la revue
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