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MONROE MARILYN (1926-1962)

Le désir d'être actrice

Mais Marilyn Monroe ne se satisfait pas de cet amour superficiel et de cette gloire qu'elle pressent éphémère. Elle veut qu'on l'aime pour son intelligence, pour son âme, pour son talent d'actrice. La plus grande star du moment se faufile dans les derniers rangs des cours de Lee Strasberg à l'Actors Studio de New York et apprend son métier avec le dévouement appliqué d'une bûcheuse. Avec Sept Ans de réflexion (The Seven Year Itch, Billy Wilder, 1955), elle paraît pourtant continuer à exploiter le sillon charmeur des Hommes préfèrent les blondes. Le film est un immense succès, même si celui-ci trouve peut-être son origine dans un malentendu (la presse utilisa copieusement le plan, absent du film, où sa robe plissée s'enfle comme un parachute sous l'action du déplacement d'air d'une bouche de métro).

Marilyn Monroe continue à travailler dur, à lire, à apprendre. En 1956, elle épouse l'écrivain Arthur Miller, symbole même de l'intellectuel américain, qui est alors mis au ban par le maccarthysme. C'est afin de prouver son talent d'actrice qu'elle utilise toute son influence pour que la Fox s'assure les droits de la pièce à succès de William Inge, Arrêt d'autobus (Bus Stop, Joshuah Logan, 1956). Le rôle de Chérie, artiste de cabaret minable qui n'a de cesse qu'un cow-boy un peu niais l'aime pour autre chose que ses formes, semble fait pour elle. L'actrice en fait un triomphe : qu'elle se montre avec un maquillage blafard sous les projecteurs violacés du cabaret, ou presque sans maquillage, coincée par une tempête de neige dans une taverne éloigné de tout, c'est bien l'âme du personnage qu'elle réussit à exprimer. Sa gestuelle fébrile, les trémolos de sa voix sont autant les siens que ceux du personnage.

Après avoir prouvé ce qu'elle souhaitait, Marilyn Monroe devient sa propre productrice et s'offre le luxe de se faire diriger par l'illustre Laurence Olivier. Le Prince et la danseuse (The Prince and the Showgirl, 1957) est paradoxalement une bluette, exactement le genre de film dont on aurait pu supposer que l'actrice ne voulait plus, même si elle s'y montre exquise.

Certains l'aiment chaud (Some Like it Hot, 1959) lui permet de retrouver Billy Wilder. D'un rôle initialement secondaire, Marilyn Monroe fait un nouveau triomphe : Sugar Kane est encore une de ces ravissantes blondes dont le cœur tendre ne cesse de battre la chamade. Le tournage est tendu. Le mariage de l'actrice avec Arthur Miller commence à battre de l'aile et la consécration de son talent déstabilise plus que jamais l'actrice : elle commence à exaspérer par ses retards constants, ses difficultés à retenir ses textes.

Après le charmant Le Milliardaire (Let's Make Love, George Cukor, 1960), dont le tournage est marqué par la liaison de Marilyn et de son partenaire Yves Montand, la situation empire sur le tournage cauchemardesque des Désaxés (The Misfits, 1961), où Marilyn Monroe retrouve John Huston. Ce scénario qu'Arthur Miller écrivit pour elle ressemble à un cadeau de rupture : elle y est Roselyn, venue à Reno pour y divorcer. Ses partenaires sont au diapason de ce climat funèbre : Montgomery Clift s'autodétruit et Clark Gable, épuisé, mourra peu de temps après la fin du tournage. Marilyn Monroe, de plus en plus dépendante de ses gourous et de ses conseillers, y est pourtant touchante, fragile, s'offrant au spectateur avec l'impudeur de l'innocence. Car c'est bien là que réside le paradoxe de l'actrice et le secret de son charme : le corps le plus désirable est le tabernacle de l'âme la plus simple.

Elle doit encore un film, par contrat, à la 20th Century-Fox. La mort dans l'âme, elle accepte un scénario de comédie anodin, Something's[...]

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Écrit par

  • : historien du cinéma, professeur émérite, université de Caen-Normandie, membre du comité de rédaction de la revue Positif

Classification

Médias

Marilyn Monroe - crédits : Keystone Features/ Hulton Archive/ Getty Images

Marilyn Monroe

<it>All About Eve</it>, de J. L. Mankiewicz, 1950 - crédits : 20TH CENTURY FOX/ Album/ AKG-images

All About Eve, de J. L. Mankiewicz, 1950

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