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LE PEN MARINE (1968- )

Du Front national au Rassemblement national

Pourtant, l'hégémonie de Marine Le Pen et de ses proches sur le FN, ainsi que son positionnement politique sont encore contestés au sein du parti. Bien que son programme reste centré sur une critique virulente de l'immigration et de l'islam, l'introduction de thèmes socio-économiques plus étatistes, l'abandon des positions les plus traditionalistes sur l'avortement, ou des jugements les plus outranciers sur la Seconde Guerre mondiale font craindre à certains un affadissement du discours et une banalisation du FN. La capacité de Marine Le Pen à s'imposer aussi durablement que son père à la tête du parti d'extrême droite et comme une figure politique de premier plan dépend donc de sa faculté à mener le FN vers de nouveaux succès électoraux.

Candidate à l'élection présidentielle de 2012, Marine Le Pen occupe le terrain en se présentant comme la « voix de l'exception française, la seule candidate de la nation ». À l’issue d’une campagne offensive, Marine Le Pen s’impose à la troisième place, avec 17,9 % des voix lors du premier tour de la présidentielle, le plus fort taux jamais obtenu par le FN. Les résultats de celui-ci aux municipales de 2014 renforcent la légitimité de la fille de Jean-Marie Le Pen au sein de son parti. Mais son père ne semble pas se satisfaire des succès du mouvement qu’il a créé et que sa fille tente de transformer en parti gouvernemental. Ses nouvelles déclarations sur les chambres à gaz, « détails de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale », amènent sa fille à la rupture. Jean-Marie Le Pen est exclu du parti en août 2015.

En décembre 2015, le Front national réunit près de 28 % des voix au premier tour des élections régionales, ce qui le place devant le parti Les Républicains (LR) et le PS. Ses résultats sont particulièrement impressionnants dans le Nord-Pas-de-Calais – Picardie (liste conduite par Marine Le Pen) et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (Marion Maréchal-Le Pen), où il obtient plus de 40 % des voix. Mais le désistement des listes PS dans ces deux régions et le jeu des reports de voix du second tour privent le FN d’une présidence de région.

L’élection présidentielle de 2017 devient alors le principal objectif de Marine Le Pen, qui se présente comme la candidate des « patriotes » contre les « mondialistes ». Le 23 avril 2017, à l’issue du premier tour, elle arrive en deuxième position derrière le candidat d’En Marche ! Emmanuel Macron, avec 21,3 % des voix. Elle se met alors en congé de la présidence du parti afin de donner une image plus rassembleuse, dans l’optique du second tour. Bien qu’elle soit battue le 7 mai, n’obtenant que 33,9 % des suffrages, elle recueille 10,6 millions de voix. Candidate à Hénin-Beaumont pour les élections législatives organisées dans la foulée, Marine Le Pen est élue en juin 2017 députée du Pas-de-Calais. Elle entreprend alors une « grande consultation des adhérents » concernant la réorganisation de son parti et envisage un changement de nom. Le 1er juin 2018, Marine Le Pen devient présidente du Rassemblement national (RN), le nouveau nom du parti.

Elle annonce, en septembre 2021, sa mise en retrait de la tête du parti, afin d’être la « candidate de tous les Français » à l’élection présidentielle de 2022. Elle laisse les rênes du parti à son premier vice-président, Jordan Bardella. La campagne est marquée par la candidature d'Éric Zemmour, un éditorialiste affichant des points de vue néo-maurassiens de plus en plus radicaux et espérant concurrencer Marine Le Pen sur sa droite. Les succès médiatiques de Zemmour – qui n'obtiendra finalement que 7 % des voix à la présidentielle – occultent quelque temps la candidate du RN, mais contribuent paradoxalement à « adoucir » son image. Pendant que le polémiste prend en charge les thèmes traditionnels[...]

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Écrit par

  • : politiste
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Marine Le Pen, 1<sup>er</sup> mai 2016 - crédits : Chesnot/ Getty Images

Marine Le Pen, 1er mai 2016

Marine et Jean-Marie Le Pen, 2011 - crédits : Patrick Durand/ Getty Images/ AFP

Marine et Jean-Marie Le Pen, 2011

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