MARINE
Les traditions maritimes jusqu'au XVIe siècle
Depuis l'Antiquité jusqu'à la fondation de vastes empires au lendemain des grandes découvertes (xvie s.), les marines se sont développées dans le cadre relativement limité des mers intérieures et des horizons côtiers. Le fait est observable en Extrême-Orient comme en Occident. Le retour de la flotte de Néarque du bas Indus au golfe Persique, en 325 avant J.-C., au terme de la campagne d'Alexandre, peut être considéré comme un symbole de la connaissance réciproque des traditions maritimes de l'Orient et de l'Occident.
L'Orient
En Orient comme en Occident, certains États tirèrent leur puissance de la domination de la mer. En Inde, dès la fin du iiie siècle avant J.-C., l'empire maurya disposait d'une administration maritime, et la tradition en fut continuée. Au début de l'ère chrétienne, trois royaumes maritimes florissaient sur les côtes du Dekkan (les Cheras, les Pandyas, et surtout les Cholas). Ceux-ci dominaient le golfe du Bengale et orientaient leur impérialisme vers le contrôle des détroits malais. Il échouèrent finalement, au xie siècle, devant la puissance du royaume de Srivijaya, qui, de Palembang, régna sur le secteur central des mers asiatiques jusqu'au xive siècle.
Une sorte de répartition des forces laissa aux marines goujerate au nord-ouest et tamoule au sud le contrôle des côtes indiennes, et à la marine malaise celui de l'accès à la mer de Chine. La disparition du royaume de Srivijaya transféra de Sumatra à Java la direction de la puissance malaise ; l'empire naval de Modjopahit, que visita Marco Polo, dura jusqu'au terme du xive siècle. Alors commença l'essor de Malacca. L'activité de la marine malaise s'exerça sous la double forme du contrôle de la navigation et de la piraterie.
Au début du xve siècle se firent jour les prétentions maritimes des Ming, devenus maîtres de la Chine en 1368. Auparavant, même au temps de l'expansionnisme des Song (xe-xiiie s.), les navires chinois avaient surtout évolué à l'est de l'Insulinde, dépassant parfois le Champa (Vietnam) vers les ports indiens. Or, entre 1405 et 1433, sept grandes expéditions menèrent jusqu'en Afrique des flottes d'État commandées par Chang-Ho (la plus forte comptait quarante-huit navires et trente mille hommes) ; elles devaient assurer à la puissance chinoise relations et bases lointaines. À la même époque, des dispositions analogues se manifestent en Occident, mais avec des conséquences d'une portée infiniment plus grande.
L'Occident
Dans les mers européennes, comme en Asie, le fractionnement de la vie maritime en trois secteurs ( Méditerranée, Atlantique et Manche, mer du Nord et Baltique) a duré jusqu'à la fin du Moyen Âge. Au long des deux millénaires, la création de forces navales au service des États résulta, chaque fois, des mêmes nécessités : militaires, politiques, économiques.
L'Antiquité méditerranéenne
Essentiellement mercantiles, les expansions égéenne et phénicienne n'en eurent pas moins besoin d'une défense. Carthage se dota de navires de combat, disputa la mer aux Étrusques avant d'affronter Rome. Ce fut pour résister aux Perses que Thémistocle fonda la marine athénienne : 300 à 400 trières payées par les plus riches, montées par des équipages soldés par la cité, commandées par des chefs subordonnés au gouvernement. Rome elle-même vainquit Carthage en improvisant une flotte et en muant ses consuls en amiraux. Il en résulta respectivement la victoire de Salamine (480 av. J.-C.) et celle des îles Égates, en Sicile (241 av. J.-C.), qui sont comme la réplique l'une de l'autre. Rome fut plus lente qu'Athènes à comprendre l'importance d'une marine. Des deux côtés, on demandait aux marins la protection des convois de blé, qui du Pont-Euxin,[...]
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Écrit par
- Michel MOLLAT DU JOURDIN : directeur de l'Institut d'économie des transports maritimes, Arcueil
Classification
Médias
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