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BOTTA MARIO (1943- )

Fort de son succès helvète, de ses réalisations aussi bien privées et publiques que religieuses, et de ses recherches architecturales, Mario Botta étend rapidement son activité à travers le monde. Selon Philip Jodidio, « tout en se concentrant sur une palette assez limitée de formes géométriques et un nombre réduit de matériaux de construction, il réalise avec succès un très grand nombre de bâtiments à la fois importants et remarquables, qui illustrent la forte présence de son art, aussi bien au centre d'une ville que dans les montagnes suisses ».

Le choix d'un style local

L'architecte Mario Botta est né en 1943 à Mendrisio. Ce petit hameau de 300 âmes est situé dans le Tessin, canton italophone et catholique de la Confédération helvétique. À l'âge de seize ans, il travaille comme dessinateur en bâtiment, puis il suit des cours au lycée artistique de Milan, et ensuite à l'école d'architecture de Venise. Il travaille pour l'atelier Le Corbusier sur le projet d'hôpital de Venise, puis pour Louis Kahn pour la restructuration des Giardini de la Biennale. En 1969, il obtient son diplôme d'architecte à Venise sous la direction de Carlo Scarpa ; il ouvre son agence à Lugano, chef-lieu du Tessin, en 1970.

Mario Botta se fait immédiatement remarquer par une série de « maisons unifamiliales », c'est-à-dire de petites villas suburbaines pour la moyenne bourgeoisie helvète. Dans un paysage alpestre déstructuré par des hangars agricoles et des pavillons de banlieue, Botta pose des volumes simples et épais. Il reprend la tradition vernaculaire de constructions formées d'une structure de béton et d'un remplissage de briques industrielles, recouvertes ensuite de terres cuites soigneusement appareillées. L'effet obtenu est très caractéristique : contre la « modernité » germanique dévaluée des maisons du voisinage, Botta donne l'impression de renouer avec un primitivisme latin ; contre la « fonctionnalité » simplette de la maison de banlieue, il propose une volumétrie puissante inspirée de celle des fermes et des granges locales ; contre les fenêtres « panoramiques » en longueur, il découpe des baies profondes qui cadrent le paysage en masquant ce que l'environnement peut présenter de pire.

Mario Botta se crée ainsi une clientèle locale fidèle, et trouve des relais extérieurs grâce à l'appui de la critique. Ses villas les plus célèbres sont la maison Della Casa à Stabio pour la famille de sa femme en 1967, la maison Genini à Breganzona en 1971, la maison San Pietro à Pregassona en 1980, la maison Medici (ou « maison ronde ») à Stabio en 1982. Comme l'architecte de la Renaissance Andrea Palladio, Botta est enraciné dans un terroir où il pratique une architecture sérielle pour un groupe social qu'il connaît bien : entrepreneurs ou enseignants italophones qui matérialisent leur réussite en faisant construire des villas de 250 à 500 mètres carrés sur des parcelles largement ouvertes sur le paysage, mais sans piscine. On pourrait dire du « style Botta » qu'il signifie avant tout que les occupants des « villas Botta » ne sont pas des touristes.

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Écrit par

  • : professeur à l'École spéciale d'architecture, Paris
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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