MERZ MARIO (1925-2003)
Le peintre et sculpteur italien Mario Merz est l'une des grandes figures de ce vaste champ de convergences intellectuelles et artistiques que fut, à partir de la seconde moitié des années 1960 en Italie, l'Arte povera. Selon l'historien de l'art Germano Celant, l'expression « signifie disponibilité et anti-iconographie, introduction d'éléments incomposables et d'images perdues, venues du quotidien et de la nature ». Au sein de ce mouvement, Mario Merz fut un bâtisseur infatigable, qui n'a cessé de mettre en situation l'igloo, élément emblématique de son œuvre.
Habitat du nomade, matrice aux connotations primitives, l'igloo, à la fois « abri et cathédrale de survivance », forme organique par excellence, fut aussi pour l'artiste le support plastique d'options intellectuelles et politiques. Hanté par une vision romantique, marqué par un profond désir de retour aux origines et aux grands mythes de l'humanité, Merz écrit : « On a besoin de construire de manière antithétique aux modèles actuels [...]. Construire selon des processus de croissance et de solitude. »
Le néon spiritualise la matière
Bien que né à Milan, en 1925, c'est à Turin que Merz fera toute sa carrière. Il entame des études de médecine et, durant la Seconde Guerre mondiale, rejoint un groupe de partisans antifascistes, Justice et Liberté. En l945, il est arrêté et commence à dessiner sur toutes sortes de supports. Quelques années plus tard, il aborde la peinture. Les toiles qu'il expose régulièrement, à partir de l954, se singularisent par la surcharge expressive de matière et la violence d'un geste qui s'affirme d'abord en termes d'énergie. « La feuille, déclarera-t-il, était devenue un symbole, le symbole de la totalité organique. » En 1967, il expose une série d'œuvres en toile brute ou en plastique, retenues par des étaux d'acier et transpercées par des tubes de néon. À la fois effet lumineux et signe de transformation permanente, le néon annule la toile en tant qu'icône ; foudroyant l'objet, il le détruit dans sa matérialité. Dès lors il peut se faire éclair de vie dans une rangée de fagots, écriture pour tracer sur un igloo un vers d'Ezra Pound, ou encore chiffre pour inscrire la progression numérique de Fibonacci (principe de calcul emprunté aux Arabes par un mathématicien italien de la fin du xiie siècle, où chaque terme est égal à la somme des deux précédents et où le rapport de deux termes consécutifs tend vers le nombre d'or). Merz l'utilise aussi bien sur des piles de journaux hors d'usage, pour marquer le rapport du temps présent à l'histoire, que pour accompagner l'image du crocodile, autre figure récurrente, sous la forme d'une série de néons (Crocodilus Fibonacci, 1972, Musée national d'art moderne-Centre Georges-Pompidou, Paris), ou encore entre les rails du tramway de Strasbourg et sur la toiture du Mole Antonelliana de Turin. Dans ces installations, il expose également des objets placés en spirale, notamment des tables sur lesquelles sont disposés des fruits qui, par leur évolution naturelle, introduisent dans l'œuvre la dimension du temps réel.
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Écrit par
- Maïten BOUISSET : critique d'art
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Média
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