MONTI MARIO (1943- )
Un technocrate au pouvoir
Le président de la République confie alors le soin de former le gouvernement à Mario Monti, qu'il vient de nommer, le 9 novembre, sénateur à vie. Celui-ci prend également dans le nouveau gouvernement le portefeuille de l'Économie. Il reçoit le soutien des parlementaires des deux principaux partis, le Peuple de la liberté (centre droit) et le Parti démocrate (centre gauche), qui ont établi entre eux une trêve avant les élections de 2013.
Mario Monti administre aussitôt au pays une thérapie de choc : rigueur absolue, coupe dans les dépenses publiques, augmentation des taxes et impôts, allongement de la vie active, diminution des pensions de retraite, lutte contre la fraude fiscale. Il tente ensuite d'engager des libéralisations et de rendre plus flexible le marché du travail. Il se heurte alors aux corporatismes de certaines catégories, pharmaciens et chauffeurs de taxis notamment, et aux organisations syndicales qui refusent la réforme de l'article 18 du Statut des travailleurs limitant les possibilités de licenciements. Il est contraint à la prudence, d'autant qu'il dépend du soutien des parlementaires. Enfin, Mario Monti essaie d'infléchir l'intransigeance allemande pour relancer la croissance économique dans l'Union européenne (UE), et s'appuie, à partir de mai 2012, sur le président François Hollande pour s'efforcer d'atteindre cet objectif. Lors du sommet européen des 28 et 29 juin 2012, il joue un rôle décisif pour arracher à la chancelière allemande Angela Merkel des mesures qui permettent de réduire le coût des emprunts des États vertueux.
Grâce au crédit personnel de Mario Monti et à la politique d'austérité qu'il a mise en œuvre, Rome joue de nouveau un rôle dans l'UE. En revanche, le bilan du président du Conseil après quelques mois d'exercice du pouvoir est pour le moins mitigé : l'Italie est en récession, avec une augmentation du chômage, des inégalités et de la violence sociale. En outre, la classe politique s'avère incapable de s'accorder sur quelques mesures d'urgence : une nouvelle loi électorale, une réduction du nombre de parlementaires, quelques modifications à la Constitution pour renforcer le pouvoir exécutif. L'annonce par Silvio Berlusconi, en décembre 2012, de son possible retour en politique lors des élections législatives de février 2013, met fin à la solidarité gouvernementale ; Mario Monti présente alors sa démission et annonce qu'il prendra la tête d'une coalition de petits partis centristes, catholiques et libéraux lors du scrutin. Mais il subit un large revers, n'arrivant qu'en quatrième position derrière les deux grandes coalitions de centre gauche et de centre droit et une nouvelle formation populiste. Les Italiens ont clairement voté en février 2013 contre celui qu'on surnomme « Il Professore ». En avril, il est remplacé par Enrico Letta. Deux mois plus tard, il reprend la présidence de l’université Bocconi.
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Écrit par
- Marc LAZAR : professeur émérite d'histoire et de sociologie politique à Sciences Po, Paris
Classification
Média
Autres références
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ITALIE - La vie politique depuis 1945
- Écrit par Geneviève BIBES , Encyclopædia Universalis et Marc LAZAR
- 31 410 mots
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Aussitôt, le président de Giorgio Napolitano propose la présidence du Conseil à Mario Monti, ancien commissaire européen, président de la prestigieuse université milanaise de la Bocconi, qu’il venait de nommer sénateur à vie. Celui-ci forme un gouvernement entièrement composé de technocrates que les...