SOARES MÁRIO (1924-2017)
Homme politique portugais, président de la République de 1986 à 1996.
Né en 1924 à Lisbonne, Mário Soares, après avoir fait des études d'histoire et de philosophie, s'est orienté vers le droit, pour s'inscrire au barreau de Lisbonne, où il a défendu un nombre important d'opposants au régime dictatorial de Salazar. Son engagement politique débute assez tôt, dans une famille d'opposants traditionnels, son père ayant joué un rôle important dans la vie politique de la Ire République (1910-1926) et détenu le portefeuille du ministère des Colonies en 1919.
Après un court passage au Parti communiste portugais, Mário Soares participe à un grand nombre de manifestations et d'opérations de l'opposition démocratique. Il est, en 1946, un des fondateurs du MDU-Juvenil (Mouvement de l'unité démocratique de la jeunesse), et, en tant que représentant de la jeunesse, il entre en 1946 à la Commission centrale du MDU, où il reste jusqu'en 1948. L'année suivante, il participe à la Commission centrale de candidature du général Norton de Matos à la présidence de la République, comme il le fera en 1958, lors de la candidature du général Humberto Delgado.
Entre-temps, il fait partie du directoire de l'Action démocratique-sociale et a été, en 1961, un des rédacteurs du Programme pour la démocratisation de la République, ce qui a provoqué son arrestation le 11 mai. En 1965, il est candidat aux élections à l'Assemblée nationale, dans le district de Lisbonne. Arrêté à nouveau le 13 décembre 1967, il n'est libéré qu'en mars 1968, date à laquelle le gouvernement de Salazar l'envoie en déportation dans l'île de São Tomé. Il peut retourner au Portugal en novembre, lorsque Salazar, malade, est remplacé à la présidence du conseil par Marcelo Caetano.
En avril 1970, Mário Soares est amené à prendre le dur chemin de l'exil et participe dès lors à toutes les actions de l'Action socialiste portugaise (ASP), devenue, en 1974, le Parti socialiste portugais. Il s'efforce pendant sa période d'exil de structurer tant le parti que la campagne internationale contre la dictature. Il est surpris à l'étranger par l'annonce de la « révolution des œillets » du 25 avril 1974 et rentre au Portugal le 28 avril.
Il est ensuite intimement lié aux grandes options publiques portugaises. Ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement provisoire, il assurera le triomphe du Parti socialiste lors des deux consultations électorales de 1975 et 1976, tout en menant une campagne destinée à isoler, voire à réduire l'impact du Parti communiste. Son anticommunisme farouche lui sert de viatique politique dans un pays encore trop marqué par la propagande de l'ancien régime.
Il est évident que Mário Soares a pu compter sur l'adhésion des masses à son orientation politique, franchement social-démocrate. Après le contre-putsch du 25 novembre 1975, la vie politique portugaise permet une intervention plus marquée du PS, brisée seulement par la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, en juillet 1979. Mais, déjà, Mário Soares essaie de restructurer son parti, pour le préparer aux élections, et en particulier aux élections générales, qui pourront lui donner de nouveau la responsabilité de gérer le pays auquel il est viscéralement identifié.
À l'issue des élections de 1983, marquées par la remontée des socialistes après quatre ans de gouvernement à droite, Mário Soares redevient Premier ministre, à la tête d'une coalition PS-PSD (Parti social-démocrate), réalisant, neuf ans après la révolution des œillets, l'alternance démocratique au Portugal.
En octobre 1985, Mário Soares démissionne après la défaite du PS aux élections législatives anticipées qui ont suivi la dissolution du Parlement (en juillet)[...]
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Écrit par
- Alfredo MARGARIDO : chercheur à l'Écoles des hautes études en sciences sociales
Classification
Médias
Autres références
-
PORTUGAL
- Écrit par Roger BISMUT , Cristina CLIMACO , Michel DRAIN , Encyclopædia Universalis , José-Augusto FRANÇA , Michel LABAN , Jorge MORAÏS-BARBOSA et Eduardo PRADO COELHO
- 39 954 mots
- 24 médias
Le premier gouvernement de Mário Soares (1976-1978) doit faire face à une situation économique catastrophique, conséquence des déboires de la révolution, du choc pétrolier de 1973 et de la crise mondiale. Les nationalisations du Verão Quente ont engendré un secteur public macrocéphale, représentant...