VARGAS LLOSA MARIO (1936- )
Violence et contestation
La Ciudad y los Perros (1962, La Ville et les Chiens) impose la renommée de Vargas Llosa. Ce roman touffu, à la fois classique et d'avant-garde par sa technique narrative, retrace la vie des cadets du collège militaire Leoncio-Prado, à Lima : l'auteur s'inspire des deux années qu'il y passa lui-même. Cet univers répressif, d'une brutalité exacerbée par la réclusion, reflète, comme un microcosme, l'image de la société péruvienne. Les « Chiens », ce sont les cadets de ce collège militaire à la discipline de fer et aux horizons bornés par la brutalité, la sottise et l'ignorance des éducateurs. Brimades, sévices, dénonciations, exactions, voilà l'univers concentrationnaire où ne règne que la loi du plus fort. À l'instigation de l'un des cadets, le Jaguar, un méfait est commis : le vol des questions d'examen de fin d'année. Ce vol est dénoncé par l'Esclave, qui est le souffre-douleur de ses camarades. Quelque temps après, l'Esclave, au cours de manœuvres de tir, est tué d'une balle perdue. Auparavant, il s'était confié à l'un de ses amis, Alberto Fernández, lequel écrit des romans pornographiques, qui circulent en secret parmi les adolescents. Fernández voudrait dénoncer à ses chefs l'origine de la mort apparemment accidentelle de l'Esclave. Un ignoble chantage empêchera la vérité d'éclater. Quelques années plus tard, Alberto Fernández et le Jaguar se rencontreront de nouveau. À la lumière de leur éducation de jeunes cadres de la nation, ils essaieront de confronter leurs expériences et d'éclairer les valeurs morales qui fondent la société dont ils sont désormais les otages et les complices. Le livre a une telle force de vérité et de scandale qu'il donna lieu dans la réalité, de la part des officiers du collège, à une véritable cérémonie expiatoire.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bernard SESÉ : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Média
Autres références
-
LA FÊTE AU BOUC (M. Vargas Llosa) - Fiche de lecture
- Écrit par Philippe DULAC
- 983 mots
En 1961, le 30 mai – jour de la Fête au Bouc – Rafaël Leonidas Trujillo Molina qui, depuis 1930, maintenait Saint-Domingue dans un régime de terreur et d'esclavage, était abattu dans sa voiture par des conjurés postés au bord de la route qu'il avait coutume d'emprunter. Une répression terrible s'ensuivit....
-
AMÉRIQUE LATINE - Littérature hispano-américaine
- Écrit par Albert BENSOUSSAN , Michel BERVEILLER , François DELPRAT et Jean-Marie SAINT-LU
- 16 963 mots
- 7 médias
...officiel – Asturias, Neruda, Paz, Fuentes, Carpentier... –, il est parfois amené à ne justifier son œuvre que par son utilité. Or, de plus en plus, certains, Vargas Llosa en tête, rejettent cette « utopie archaïque » et revendiquent pour l'écrivain le droit de faire d'abord de la littérature, de l'art. L'écriture,... -
PÉROU
- Écrit par François BOURRICAUD , Encyclopædia Universalis , Albert GARCIA , Alain LABROUSSE , Évelyne MESCLIER et Valérie ROBIN AZEVEDO
- 22 303 mots
- 8 médias
...processus de division interne. En revanche, la droite se renforce grâce au soutien des entrepreneurs et des banquiers, à la capacité de rassemblement de Vargas Llosa et à une idéologie néolibérale rajeunie. Le Fredemo (Front démocratique) est fondé en 1987. Son programme, qui se veut sensible aux besoins... -
LA TANTE JULIA ET LE SCRIBOUILLARD, Mario Vargas Llosa - Fiche de lecture
- Écrit par Philippe DULAC
- 1 421 mots
- 1 média
Avec La Tante Julia et le scribouillard (1977), le romancier péruvien Mario Vargas Llosa (né en 1936) poursuit le travail de distanciation narrative et d'ironie romanesque qui est le sien depuis Pantaléon et les visiteuses (1975). Jusque-là, son projet déniait la présence d'un créateur vraiment...