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VARGAS LLOSA MARIO (1936- )

La question politique

Dès son adolescence, alors qu'il était étudiant à l'université San Marcos de Lima, sous la dictature du général Odría, Mario Vargas Llosa prit conscience de la question politique, à laquelle il ne cessa plus de s'intéresser. S'il est d'abord marqué par l'idéologie marxiste et révolutionnaire (1953-1971), il n'adhère pas pour autant au parti communiste, tout comme il refuse de donner sa caution à la révolution cubaine. Progressivement, l'écrivain va s'orienter vers une conception de la vie politique à l'opposé de l'idéal progressiste de ses débuts. La dénonciation de toutes les formes de dictature, de terrorisme, de fanatisme ou d'intégrisme inspire désormais son engagement actif au service de la démocratie. Président du Pen Club International, il prend la défense des écrivains poursuivis pour raisons politiques. En 1988, il fonde, au Pérou, un mouvement de droite libérale, Libertad, et il s'associe au Front démocratique, qui rassemble divers partis partageant la même idéologie. En 1990, il est candidat, sans succès, à la présidence de la République du Pérou ; par la suite, il combattra âprement la politique de son adversaire, Alberto Fujimori, qui l'a devancé au second tour de l'élection. Dans l'essai autobiographique Le Poisson dans l'eau (1993), qui revient sur cet épisode important de sa vie, il exprime « le dégoût viscéral que l'action politique [lui] avait laissé en mémoire ». Dans La Llamada de la tribu (2021, L’Appel de la tribu), il complète son récit en proposant une sorte d’autoportrait qui mentionne les œuvres des penseurs qui ont inspiré l’écrivain, afin d’expliquer son cheminement politique.

Ayant obtenu la nationalité espagnole, élu en 1994 à la Real Academia Española, Mario Vargas Llosa devient un collaborateur régulier du quotidien espagnol El País. Il participe au commentaire de la vie politique, culturelle ou littéraire internationales, à travers d'innombrables articles rassemblés dans divers recueils : Contra viento y marea (1986-1990, Contre vents et marées), La Verdad de las mentiras (1990, La Véritépar le mensonge), Desafíosa la libertad (1994, Les Enjeux de la liberté), El Lenguaje de la pasión (2000, Le Langage de la passion). Diario de Irak (2003, Journal d'Irak) recueille le reportage effectué dans ce pays, au lendemain de la guerre.

En 1994, Mario Vargas Llosa a reçu en Espagne le prestigieux prix Cervantes. Tout en prenant part au débat politique, il poursuit son œuvre de fiction et de réflexion sur la littérature : La Utopíaarcaica, José María Arguedas y las ficcionesdelindigenismo (1996, LUtopie archaïque : José María Arguedas et les fictionsde l’indigénisme), Cartas a un jovennovelista (1997, Lettres à un jeune romancier). Il consacre à plusieurs écrivains des essais ou des entretiens, qu’il s’agisse de Victor Hugo, de Juan Carlos Onetti ou de Claudio Magris. Il s’intéresse également à l'art, avec des essais consacrés aux peintres Fernando Botero et George Grosz.

À partir d'une tentative avortée de soulèvement, en 1958, dans une petite ville du Pérou, Historia de Mayta (1984, Histoire de Mayta) mêle l'histoire et la fiction pour éclairer la réalité de la société péruvienne contemporaine.¿Quiénmató a Palomino Molero? (1986, Qui a tué Palomino Molero ?) est un roman policier inspiré par des personnages et des faits réels. Dans El Hablador (1987, L'Homme qui parle), les mythes indiens se révèlent antagonistes de la civilisation occidentale. Le décor et les coutumes archaïques des habitants ou des baroudeurs des Andes, placés sous la menace du Sentier lumineux, le mouvement péruvien d’inspiration maoïste, composent l'atmosphère de Lituma en los Andes (1993, Lituma dans les Andes). Comme l'Éloge de la marâtre, Los[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Le romancier péruvien Mario Vargas Llosa - crédits : The Granger Collection, New York

Le romancier péruvien Mario Vargas Llosa

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