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ZAFRED MARIO (1922-1987)

Compositeur, directeur de théâtre et critique musical italien auquel ses multiples activités ont donné une place essentielle dans la vie artistique de son pays, Mario Zafred voit le jour à Trieste le 21 février 1922. Il se fixe rapidement dans la capitale italienne, où il fait ses études musicales au Conservatorio di Santa Cecilia, jusqu'en 1944. Il travaille également la composition avec Illdebrando Pizzetti puis obtient, en 1947, une bourse du gouvernement français qui lui permet de poursuivre ses études à Paris. De retour à Rome, il s'engage dans la vie musicale à la fois comme compositeur et comme critique, à L'Unità (1949-1956) puis à La Giustizia (1956-1963). En 1956, il obtient le prix Marzotto pour son Concerto pour alto, en 1959 le prix Sibelius et, en 1963, le prix de la Ville de Trévise. Il est nommé membre de l'Accademia di Santa Cecilia de Rome et prend, en 1966, la direction artistique de l'Opéra de Trieste. Il occupe ensuite les mêmes fonctions à la tête de l'Opéra de Rome (1968-1974) et du Teatro lirico sperimentale de Spolète, jouant alors un rôle important dans la vie lyrique italienne. Il meurt à Rome le 22 mai 1987.

Profondément marquées par le folklore et les musiques d'inspiration populaire, les premières œuvres de Zafred semblent se situer dans la mouvance de celles de Bartók. Puis son style se définit progressivement : il se laisse d'abord tenter par les nouveautés du langage contemporain des années 1950 avant de s'en démarquer, sans tomber néanmoins dans un traditionalisme excessif ; il restera toujours soucieux de ne jamais rompre la communication avec le public. Sa musique est avant tout expressive et elle parvient à se libérer de la contrainte directe des systèmes et des formes, même si celles-ci, dans leur acception classique, semblent constituer le vecteur privilégié de son œuvre : quatre sonates pour piano (1946-1963), trois trios avec piano, quatre quatuors à cordes (1941-1953), sept symphonies qui s'échelonnent de 1943 à 1970 – dont les plus marquantes sont la troisième, Canto del Carso (1949), l'une de ses œuvres d'inspiration folklorique les plus caractéristiques, créée à Turin par Carlo Maria Giulini, et la quatrième, In onore della Resistenza (1950) –, plusieurs partitions concertantes et plus d'une douzaine de concertos pour divers instruments – piano (1959), deux pianos (seuls et avec orchestre), violon (Concerto lirico, 1952), alto (1951 et 1956), violoncelle (1956), harpe (1955), flûte (1951), et un triple concerto pour piano, violon et violoncelle (1953), qui reprend ce dispositif original codifié par Beethoven.

Pour la voix, Zafred a composé plusieurs mélodies et chœurs, notamment l'Elegia di Duino pour chœur et orchestre sur des poemes de Rainer Maria Rilke (1954) ou l'Épitaphe en forme de ballade pour baryton et petit orchestre, sur des poèmes de Francois Villon (1966). Mais c'est à la scène qu'il donne toute sa mesure, tirant de son expérience de directeur de théâtre un sens dramatique efficace qui lui permet d'adapter à un langage contemporain deux chefs-d'œuvre de la littérature dramatique : Amleto (d'après Shakespeare, Opéra de Rome, 1961) et Wallenstein (d'après Schiller, Opéra de Rome, 1965).

— Alain PÂRIS

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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