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BARTOLI MARION (1984- )

Tenniswoman française, Marion Bartoli a longtemps connu une carrière en dents de scie, avant de faire la une de l’actualité sportive par deux fois durant l’été de 2013. D’abord, en juillet, elle remportait le tournoi de Wimbledon. Elle réalisait là un exploit majeur : avant elle, seules deux Françaises, Suzanne Lenglen, par six fois (1919-1923, 1925), et Amélie Mauresmo, en 2006, étaient parvenues à s’imposer sur l’herbe anglaise. Puis, en août, cette championne atypique et sous-médiatisée, ne répondant pas aux canons « glamour » du tennis féminin du xxie siècle, passionnée de sciences et de peinture, causait la surprise en annonçant sa retraite sportive.

Marion Bartoli est née le 2 octobre 1984 au Puy-en-Velay (Haute-Loire). Elle commence le tennis à six ans, dans le club de Retournac (Haute-Loire), où les installations sont très rudimentaires. Dans cet environnement peu propice à la joie – le court intérieur n’est pas chauffé, les courts en extérieur sont fermés la moitié de l’année –, la gamine forge son caractère. Rien ne laisse penser qu’elle deviendra un jour une joueuse de haut niveau : chaque fois qu’elle se soumet aux tests fédéraux, il apparaît qu’elle est moins forte, moins puissante, moins rapide que toutes ses concurrentes. Pourtant, elle croit à sa réussite, et son père, Walter, plus encore. Il est impossible de dissocier le père et la fille dans les succès et dans les échecs, tant leur relation est fusionnelle et complexe. Ainsi, dès 1992, Walter décide que sa fille jouera des deux mains en coup droit comme en revers, car il a vu Monica Seles employer avec bonheur cette technique. Plus tard, il « inventera » pour sa fille des exercices inédits, fondés sur la biomécanique, qui pourraient confiner à la torture acceptée. En 1999, Marion remporte le Championnat de France cadettes. Comme elle ne veut pas intégrer une structure fédérale de haut niveau, Walter Bartoli, médecin, abandonne sa profession pour se consacrer entièrement à la carrière de Marion.

Marion Bartoli passe professionnelle en 2000. Le couple père-fille devient indissociable, ce qui déplaît dans les hautes sphères fédérales : ainsi, alors que Marion souhaite être coachée par Walter en permanence, la Fédération française de tennis refuse que celui-ci l’accompagne pour les matchs de la Coupe de la Fédération (Fed Cup). Aussi, la joueuse, numéro un française depuis 2007, déclinera la sélection ; en riposte, la Fédération ne l’autorisera pas à participer aux jeux Olympiques de Londres, en 2012, car elle a refusé de jouer en Fed Cup.

Marion Bartoli évolue donc en dehors des structures fédérales. Elle remporte ses premiers titres en 2006. Surtout, en 2007, elle atteint la finale du tournoi de Wimbledon, s’inclinant face à l’Américaine Venus Williams. Cette performance aurait dû lui valoir popularité et contrats publicitaires. Il n’en est rien. Le public français la boude, peut-être en raison de l’image négative donnée par le « clan Bartoli ». Les publicitaires ne se voient pas investir sur cette jeune femme rondelette, qui ne semble pas sortie de l’enfance, au jeu peu académique. Ils savent bien que le charisme des sœurs Williams ou la plastique des « poupées russes », à l’image de Maria Sharapova, sont plus vendeurs. Marion Bartoli connaît ensuite trois années difficiles. Mais, en 2011, elle atteint les demi-finales du tournoi de Roland-Garros, et le public français soutient enfin cette joueuse au curieux service, rageuse, obstinée.

En 2013, Marion Bartoli fait sa révolution : elle se sépare provisoirement de son père, se préparant avec plusieurs entraîneurs, sans grande réussite ; répondant à l’appel d’Amélie Mauresmo, elle déclare qu’elle acceptera désormais de participer à la Fed Cup. Néanmoins, les résultats ne sont pas là et, alors que la joueuse semble toucher le fond, vient le « miracle » de Wimbledon,[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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