MARIONNETTES
Animations
Parmi les marionnettes, il convient de distinguer d'abord celles qui jouent directement à la vue du public et celles dont l'ombre, projetée par une source lumineuse, se découpe sur un écran (silhouettes découpées ou personnages formés par l'ombre de la main et des doigts dans « l'ombre à la main »). Les ombres présentent des profils et jouent sur deux dimensions, mais elles acquièrent une troisième dimension dans le flou qui s'institue et crée un relief dès que la silhouette n'est plus appliquée rigoureusement sur l'écran ; le manipulateur peut en tirer les nuances de son expression.
Pourtant, c'est le procédé d'animation qui différencie le plus le style de vie, soit que le manipulateur se trouve en dessous, au-dessus ou derrière la poupée.
Animation inférieure
La tige : la marotte, la plus élémentaire, est animée seulement par une tige qui supporte la tête (exemple : la marotte des fous) ; dans les autres cas, une tige principale porte le corps, et des tiges secondaires, plus fines, accrochées aux mains, permettent d'animer les bras souples ou articulés. Ainsi, à Java, des wayang-golek, poupées en relief, des wayang-klitik, poupées plates, découpées de profil, sculptées en médaille, richement peintes, montrées le plus souvent directement au public, parfois en ombre (les membres inférieurs atrophiés sont immobiles, les bras sont animés), et des wayang-koelit, ombres javanaises proprement dites, découpées dans du cuir de buffle, ajourées, peintes et fixées au sol par un pied vertical. Ainsi des ombres chinoises (qualificatif appliqué à partir du xviie siècle aux jeux d'ombres européens) et turques, qui ont la particularité d'être animées à l'aide de baguettes perpendiculaires autorisant les déplacements en toutes directions, horizontalement ou verticalement, avec une extrême fantaisie (un personnage saute sur le dos d'un autre, grimpe aux arbres ou sur les maisons).
La gaine : la tête est en bois ou tout autre matériau ; le corps est fait d'un sac de tissu fixé à la base du cou. La marionnette est animée par la main et les doigts du manipulateur passés dans la gaine et placés dans la tête, les bras, éventuellement, les jambes. Exemple : Guignol et les burattini (Italie).
Animation supérieure
Le fil : la marionnette est animée à l'aide de fils fixés d'une part à ses membres, de l'autre au « contrôle » que le manipulateur tient dans sa main. Le contrôle, ou croix d'attelle, est un instrument en bois, en forme de croix, vertical ou horizontal, fixé ou articulé. Exemple : les fantoccini (Italie).
La tringle : la marionnette est suspendue par la tête à une tringle de métal que le manipulateur tient dans sa main. Elle comporte éventuellement des fils secondaires pour animer, par exemple, les bras ou les jambes. Exemple : les marionnettes siciliennes ou liégoises.
Un clavier peut relier les fils, passés dans le corps et fixés à la tête et aux membres, à des touches accrochées à la tige. Le jeu des doigts sur les touches anime la marionnette.
Animation antérieure
C'est dans la première moitié du xviiie siècle que la technique des marionnettes japonaises se transforme : aux poupées à manchon succèdent les grandes marionnettes (de 0,80 à 1,30 m) figurant le corps humain tout entier. Chacune est manipulée par trois hommes, les ningyō-tsukai, installés derrière elle, à la vue du public, parfois revêtus d'une combinaison et d'une cagoule noires ; le premier (omo-tsukai) anime tout le visage et le bras droit de la poupée, le second (hi-dari-tsukai) son bras gauche et le troisième (ashi-tsukai) ses pieds (cf. théâtres du monde, Le théâtre japonais).
Au dramaturge Chikamatsu Monzaemon et au chanteur Takemoto Gidayū (xviie s.), qui avaient fait évoluer le ningyojōruri d'origine, succéda Takeda Izumo (1691-1756).[...]
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Écrit par
- Paul-Louis MIGNON : président d'honneur du Syndicat de la critique dramatique et musicale, chef du service culturel et critique dramatique de France-Inter, secrétaire général du Centre français de l'Institut international du théâtre
Classification
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