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DI SUVERO MARK (1933- )

Artiste américain né en 1933 à Shanghai de parents italiens, Mark Di Suvero poursuit une carrière internationale partagée entre les États-Unis et plusieurs pays d'Europe. Ses sculptures monumentales, subtiles et violentes compositions de métal de grand gabarit, sont moins au service d'une démonstration technique que d'une ambition poétique singulière.

Installé aux États-Unis avec sa famille dès 1941, Mark Di Suvero s'initie en Californie au travail du bois et du bronze en même temps qu'il se forme de manière théorique à l'université. Il s'installe à New York en 1957, contribue à fonder une galerie coopérative et communautaire, March Gallery, puis expose en 1960, à la Green Gallery, un ensemble remarqué de sculptures en bois, chaînes et cordes, réalisées avec des matériaux récupérés dans des immeubles détruits de Manhattan – Hankchampion(1959). Après ce début de carrière prometteur, brisé par un grave accident qui le laisse paraplégique pendant deux ans, Di Suvero décide de travailler principalement l'acier, en grandes dimensions et en plein air, à l'aide de grues et de presses. Il réalise en 1967 sa première sculpture monumentale en acier peint, Are YearsWhat ? (for Marianne Moore). Solidement posée sur le sol grâce à quatre poutres de métal, cette construction en hommage à l'écrivain disparu Marianne Moore, auteur du poème What are Years ?, prouve l'originalité du sculpteur. Son travail se réfère certes à la sculpture constructiviste russe des années 1920, de Tatline, Rodtchenko et Gabo et intègre la liberté formelle dont ont fait preuve Julio Gonzalez et Picasso dans leur maniement du métal à partir de 1928 ; mais, outre sa dimension monumentale qui produit un effet inédit, son parti esthétique se révèle en rupture avec cet héritage. Di Suvero refuse en effet la mise en valeur d'un noyau central plein ou vide dont les lignes extérieures sembleraient dériver et choisit une composition décentrée mettant en valeur des énergies violentes et des masses qui demeurent en suspens grâce à des filins.

Malgré cette ambition formelle, la sculpture est moins pour Di Suvero une création esthétique qu'un engagement de citoyen. S'opposant à l'intervention américaine au Vietnam, le sculpteur construit en 1966 une Tour de la paix et choisit en 1970 de s'exiler en Europe, à Eindhoven aux Pays-Bas, puis à Venise et enfin à Chalon-sur-Saône où il réalise plusieurs sculptures qui sont installées dans la ville – dont L'Ange des orages, 1973, acier peint. De retour aux États-Unis à la fin de la guerre du Vietnam, en 1975, après une importante exposition tenue la même année au jardin des Tuileries à Paris, Di Suvero continue son combat civique en créant la fondation Socrates Sculpture Park, à New York, qui permet à des artistes de créer à échelle monumentale dans un environnement social défavorisé. Il voit aussi son travail personnel consacré par plusieurs expositions prestigieuses – à New York au Whitney Museum en 1975, puis au Storm King Sculpture Park en 1985, au musée d'Art contemporain de Nice en 1991, à la Biennale de Venise en 1995, à la galerie Gagosian de New York en 2001, au San Francisco Museum of Modern Art en 2013 – et reçoit des commandes publiques de plus en plus nombreuses à partir des années 1980.

Ses sculptures trouvent place dans l'espace urbain, aux États-Unis comme en Europe – Mon père, mon père (1985, Storm King Sculpture Park, New York), Étoile du jour (1985-1990, quai André Citroën, Paris), Galileo (1994-1997, siège de Daimler-Benz, Berlin). Elles sont aussi, malgré leur encombrement, des créations nomades révélées au public dans des manifestations temporaires, comme celle qui fut organisée dans plusieurs sites de Paris à l'automne 1997 (esplanade des Invalides, parc de La Villette). Leur force tient sans doute[...]

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Écrit par

  • : professeur d'histoire et de théorie de l'art contemporain, université de Paris VIII

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