MARKUS LÜPERTZ. UNE RÉTROSPECTIVE (exposition)
Le catalogue de l’exposition Markus Lüpertz. Une rétrospective (musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 17 avril-19 juillet 2015) établit avec son lecteur un protocole qu’il n’est pas inutile de souligner. À travers dix questions et réponses, il souligne le rôle que Lüpertz peut tenir afin que la peinture, « substance du monde », demeure culture. On y trouvera ainsi, imprimées en pleine page, les thèses d’un artiste dont le destin s’identifie à la peinture non en fonction d’un don supposé, mais, par analogie avec l’huître perlière, d’une perturbation ou, pour mieux dire, d’une tare qui le force à peindre.
Une peinture de conflit
Pour le visiteur, c’est bien d’une rétrospective au sens exact du terme qu’il s’agit ici, puisque ce sont les dernières œuvres de Lüpertz qui ouvrent l’exposition, notamment une sculpture monumentale de 2014 qui s’avance comme si un futur appartenait à son passé le plus absolu. Achille n’est pourtant pas un nouvel Homme qui marche inspiré de Rodin. Son horizon entre en conflit avec le nôtre de façon plus décisive. Sans l’intense production des années récentes – la série Arkadien (Arcadies) commence en 2011, plusieurs sculptures dont Ulysse II datent de 2013-2015 –, cette exposition n’aurait pas la cohérence logique qui la caractérise.
En 2009, à Bonn, l’œuvre était présentée dans sa diversité sous l’invocation d’un tableau de Paul Klee, HauptwegeundNebenwege (Chemin principal etchemins latéraux). Au Gemeentemuseum de La Haye en 2011, le parti était celui du « spirituel dans l’art ». Lüpertz qui aime à dire que « la peinture est athée », mais qu’elle « plonge le divin dans la perceptibilité », participait à une célébration de l’art In Divine Light, pour reprendre le titre de l’exposition. À Paris, au prix d’une sélection libre de toute intention déclarée, le passé découvre son intensité et son risque depuis les plus récents paysages arcadiens, territoire inconnu d’une nouvelle abstraction, jusqu’aux séries de Dithyrambes nietzschéens qui ont fait la réputation de l’artiste quand il participait à l’exposition de la Royal Academy, A New Spirit in Painting et, la même année 1981, à celle de l’Arc, Art, Allemagne aujourd’hui, dans ce même musée d’Art moderne.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Éric DARRAGON : professeur émérite d'histoire de l'art contemporain à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
Classification