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DUMAS MARLENE (1953- )

Née en 1953 au Cap (Afrique du Sud), Marlene Dumas entreprend des études d'arts plastiques (1972-1975) à la Michaelis School of Fine Art de sa ville natale, avant de les poursuivre aux Pays-Bas aux Ateliers '63 de Haarlem (1976-1978) et à l'Institut de psychologie de l'université d'Amsterdam (1979-1980).

Au cours de cette période d'apprentissage, Marlene Dumas conçoit des travaux hybrides, tantôt abstraits tantôt postconceptuels qui accordent une place substantielle au collage et à l'écriture ; le médium pictural, privilégié par la suite, est quant à lui marginalisé. Ses œuvres de jeunesse témoignent d'une fragilité et d'un mal-être renforcés par la difficulté de s'adapter à la culture européenne. Aussi n'est-il pas étonnant que certains de ses premiers travaux s'articulent autour des thèmes du déracinement ou du mal du pays, à l'image de la série Homesick (1976). Il en va de même pour les œuvres réalisées entre 1977 et 1981 et inspirées de La Petite Sirène d'Andersen ; œuvres tout aussi emblématiques qui préfigurent nombre de compositions à valeur symbolique inspirées de contes comme Blanche-Neige (Snow White and the Broken Arm, 1988).

Il faut attendre 1982 pour que la carrière de Marlene Dumas soit consolidée, l'artiste commençant à partir de cette date à collaborer avec l'influente galerie Helen van der Meij (Amsterdam) et son directeur Paul Andriesse, tout en participant à la Documenta 7 de Kassel organisée par Rudi Fuchs. C'est également à cette période que son œuvre prend une tournure plus picturale, sans pour autant que Marlene Dumas délaisse le dessin et encore moins le recours à l'écriture. Celle-ci peut selon les cas innerver les images mais aussi, via l'importance accordée aux titres, les connoter, voire, à l'instar des innombrables textes publiés par l'artiste dans ses catalogues et recueils, leur fournir un contrepoint littéraire. La donnée textuelle est enfin associée à la question, primordiale aux yeux de Marlene Dumas, de l'interprétation et, selon l'artiste dans une déclaration intitulée « Pourquoi j'écris (sur l'art) » (1992), à « la place prépondérante accordée au sens et [aux] malentendus ». « Je ne peux pas être le seul juge, y précise-t-elle, ni le meilleur juge, mais je tiens à participer à la rédaction de ma propre histoire. Pourquoi donc les artistes devraient-ils être validés par quelque autorité extérieure. » « Je crois, écrit-elle dans la même déclaration, au pouvoir des mots, en particulier du mot écrit. » Il suffit pour s'en convaincre de se référer à un autoportrait réalisé par l'artiste en 1984. Allusion au sous-titre Rapport sur la banalité du mal de Eichmann à Jérusalem de Hannah Arendt, l'œuvre s'intitule Het kwaad is banaal (le mal est banal). Dumas s'y représente dans une blancheur superlative, comme si elle cherchait à travers cette peinture et surtout son titre à nous faire part de son sentiment de honte d'être née et d'avoir été élevée dans une Afrique du Sud synonyme d'apartheid.

Déjà présents dans les années 1970, les enjeux inhérents à des thématiques d'ordre ethnique, religieux et sexuel traversent toute son œuvre, Marlene Dumas endossant de manière récurrente le rôle de l'artiste-femme-blanche évoluant dans un environnement antagoniste, voire hostile. N'hésitant pas à ce titre à stigmatiser un milieu de l'art phallocentrique et machiste (Defining in the Negative, 1988 ; Strong Works, 1990), elle ambitionne de manière plus générale de retraduire toute une série de clichés et de stéréotypes qui touchent à la différenciation sexuelle et ethnique en s'appuyant sur des compositions graphiques et picturales (ses sources sont quasi exclusivement photographiques) souvent « crues[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences en histoire de l'art contemporain à l'université de Valenciennes, critique d'art, commissaire d'expositions

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