MARLEY ROBERT NESTA dit BOB (1945-1981)
Robert Nesta Marley naît en 1945 à Saint Ann (Jamaïque), une paroisse paysanne, au lieu-dit Rhoden Hall. Sa mère est une Noire jamaïcaine et son père un major de l'armée britannique à la retraite. Il fréquente l'école de Saint Ann jusqu'à l'âge de quatorze ans puis il se rend dans la capitale, Kingston. Il passe ses loisirs à écouter la radio, les émissions musicales qu'il parvient à capter de La Nouvelle-Orléans ou de Miami. Ces stations diffusaient alors la musique de rhythm and blues qui entraîna le lancement en Jamaïque des sound-systems, ces discothèques ambulantes, et l'invention du ska, un mélange de mento (version dépolitisée du calypso) et de rhythm and blues jamaïcain. Le ska évolua et fut remplacé par le rock steady en 1966, puis par le reggae vers 1968. Marley subit en 1964 l'influence de Joe Higgs, un chanteur-arrangeur connu qui lui apprend les rudiments de l'arrangement vocal, et de Mortimer Planner, autorité rasta de Kingston qui découvre en lui un prophète visionnaire. Marley constitue un groupe en 1964, les Wailing Wailers, avec Bunny Livingston, Peter Tosh (chanteur-guitariste), Junior Braithwaite (chanteur) et deux choristes féminines. L'année suivante, sans Braithwaite et les deux choristes, le trio Marley, MacIntosh et Bunny Livingstone enregistre plusieurs disques 45 tours pour Clement Dodd (sir Coxone). Marley, devenu à la fois auteur-compositeur et chanteur soliste, fait connaître des classiques tels que Simmer down, Put in on, Rule them Rudies, Rude Boys, I'm still Waiting, et l'hymne des Rudies, Steppin' Razors. On le paye peu pour ses disques, qui deviennent des succès à Kingston, ce qui l'oblige à rejoindre en 1967 sa mère, qui avait émigré à Wilmington (Delaware, États-Unis). Il travaille pendant quelques mois aux usines Chrysler avant de revenir à Kingston et de reformer le groupe pour enregistrer Bend down Low puis Nice Time, toujours pour Clement Dood. En 1968, Marley se joint aux frères Barrett, Carly le batteur et Aston « Family Man » le bassiste. Il joue de la guitare rythmique, compose et chante des paroles de rage, de révolte, fières et incantatoires, sur les mélodies les plus douces, comme Trench Town Rock, qui célèbre une violente émeute de 1967 à Kingston, ou Small Axe, un avertissement au monde colonialiste en général :
Si vous êtes un grand arbre Nous sommes une petite hache Aiguisée pour vous abattre.
Marley travaille quelque temps en Suède et enregistre Guava Jelly, Stir it up et I Can See Clearly Now, qui devient un « tube » en 1971. Les Wailers signent en 1972 un contrat d'enregistrement avec Chris Blackwell, le descendant d'une riche famille de planteurs jamaïcains, qui s'occupe activement de leur promotion. Il finance leur tournée aux États-Unis (New York, Boston, Cleveland, San Francisco) et en Angleterre. En concert, Marley chantait et dansait, ses dread locks rythmant ses paroles. Les Wailers enregistrent à Kingston les rythmiques et les vocaux de l'album Catch a Fire, terminé à Londres, comprenant Concret Jungle, 400 Years, Slave Driver et Midnight Raven, évoquant le thème de l'esclavage. Il est suivi d'un deuxième album, Burning. La chanson de Marley I Shot the Sheriff devient le numéro un de tous les hit-parades du monde. Après un troisième album, le groupe des Wailers se disloque à la fin de 1974, après le départ de Bunny et de Tosh. Ils avaient été les premiers à adopter la vie sobre des rastafariens en incorporant des éléments de leur musique. Marley et les frères Barrett engagent un trio vocal féminin, les I-Threes (Rita Marley, Judy Mowatt et Marcia Griffiths). Ils produisent Natty Dread, un cycle de chansons sur la vie d'un jeune rasta interprété par Bob Marley, qui établit les Wailers comme le premier des groupes de reggae. À Kingston, Bob Marley se heurte à l'hostilité[...]
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Écrit par
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
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Médias
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