MAROC
Nom officiel | Royaume du Maroc (MA) |
Chef de l'État | Le roi Mohammed VI (depuis le 23 juillet 1999) |
Chef du gouvernement | Aziz Akhannouch (depuis le 7 octobre 2021) |
Capitale | Rabat |
Langues officielles | Arabe, tamazight (langue berbère) 2
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Unité monétaire | Dirham marocain (MAD) |
Population (estim.) |
36 769 000 (2024) |
Superficie |
417 000 km²
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De l'indépendance du Maroc à Mohammed VI (1956-1999)
L'indépendance marocaine est proclamée en 1956, mettant fin à quarante-quatre ans de protectorat français et espagnol. Du retour au pays du sultan Mohammed ben Youssef en novembre 1955 à l'accession au trône de Mohammed VI en 1999, les institutions du régime moderne s'organisent autour d'une formule monarchique singulière. Jouant des divisions entre les mouvements d'opposition, le palais s'impose comme un arbitre au-dessus de la mêlée face aux crises successives. À coup de répressions et de cooptations, forte du soutien d'une vaste clientèle, la monarchie prend progressivement l'initiative politique, étend son emprise sur l'économie du royaume et son contrôle du champ religieux.
Le règne de Mohammed V : l'épreuve de force entre le Palais et l'Istiqlal (1956-1961)
Le quinquennat de Mohammed V est le théâtre d'un bras de fer entre les deux forces issues du mouvement national : d'un côté, le sultan « martyr » bénéficiant d'une forte popularité et de l'autre, le parti nationaliste de l'Istiqlal (littéralement « l'indépendance »), auréolé de son combat politique et armé.
Le 7 mars 1956, le sultan prononce le discours par lequel le Maroc accède à l'indépendance à la suite de la signature de la convention franco-marocaine qui abroge le traité de Fès (1912) ; puis, l'accord hispano-marocain du 7 avril 1956 qui met fin au protectorat espagnol sur le nord du pays. Un bras de fer va rapidement se nouer pour le contrôle du régime qui se met en place.
D'un côté, le soutien apporté par le sultan à la lutte pour l'indépendance et son exil forcé à Madagascar en ont fait l'emblème du combat national. Il prend le titre de roi sous le nom de Mohammed V en 1957. De l'autre côté, le parti de l'Istiqlal peut envisager de se transformer en parti unique. Il rassemble de fait différents courants politiques, des plus tiers-mondistes aux plus bourgeois et conservateurs.
Les fondations du nouveau régime se dessinent dans ce contexte. Il s'agit d'affirmer l'unité de la nation. C'est pourquoi les Forces armées royales (FAR) sont créées en 1956 et placées sous le commandement du prince héritier, Moulay Hassan. Quant à l'Armée de libération nationale, bras armé de l'Istiqlal qui, au Sahara, continue à se battre contre les forces armées françaises et espagnoles, elle est finalement démantelée en 1958. Les FAR répriment dans la violence des insurrections populaires dans le Rif et le Moyen Atlas (1956-1958) qui sont menées contre les politiques de marginalisation de ces régions rurales et berbères. Cet épisode sanglant est profondément marqué dans la mémoire des Rifains. Il est à l'origine de la fondation, en 1959, du Mouvement populaire, un parti berbériste.
Par ailleurs, en privilégiant d'emblée une formule politique pluraliste plutôt qu'un système de parti unique (interdit par la Charte des libertés publiques promulguée en 1958), le souverain parvient à mettre en place les conditions d'un jeu politique concurrentiel, d'un « pluralisme autoritaire » dont il se fait l'arbitre. Certes, l'Istiqlal étend son réseau de partisans à l'échelle du royaume, y compris par le biais du puissant mouvement syndical de l'Union marocaine du travail (UMT), créée en 1955 sous la direction de Mahjoub ben Seddik. Mais rapidement le parti de l'Istiqlal connaît des divisions internes qui inaugurent, dans le Maroc contemporain, une histoire partisane faite de scissions régulières. La rupture entre la direction conservatrice de l'Istiqlal (Mohammed Allal el-Fassi, Ahmed Balafrej ou encore Mohamed Boucetta) et son aile gauche et syndicale est consommée dès 1959. Le 6 novembre 1959, l'Union nationale des forces populaires[...]
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Écrit par
- Raffaele CATTEDRA : maître de conférences à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry
- Myriam CATUSSE : chargée de recherches au CNRS
- Fernand JOLY : professeur honoraire, université Paris-VII
- Luis MARTINEZ : directeur de recherche au Centre d'études et de recherches internationales-Sciences Po
- Jean-Louis MIÈGE : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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