MARQUETERIE
Histoire
Différents types de marqueterie
La marqueterie sur marbre et sur d'autres matières
La tarsia de pierre semble bien dériver de ce que les Latins appelèrent opus sectile ou opus interrasile. Ces termes désignaient des œuvres en mosaïque obtenues, dans le premier cas, par encastrement de parcelles de marbre dans une surface de même matière ou, dans le second cas, par l'insertion des parcelles dans des cavités ménagées à cet effet dans la surface de marbre. Pendant le Moyen Âge, la tradition romaine de la mosaïque de pierre se retrouve dans les décorations murales à Ravenne aux ve et vie siècles (baptistère des Orthodoxes, San Vitale), plus tard à Florence au xiie siècle (San Miniato). Les effets recherchés sont avant tout des effets de couleur. Au xive siècle apparaît un type de tarsia en marbre noir et blanc. À l'intérieur de cavités réalisées dans des plaques de marbre, l'artiste plaçait un mélange obtenu à partir de poix. Les exemples les plus célèbres se trouvent dans le baptistère de Florence, le dôme de Sienne, la bibliothèque Laurentienne à Florence. La marqueterie de marbre ne connut qu'à la période baroque un développement nouveau, bien qu'éphémère, auquel succéda un déclin définitif. L'exemple le plus brillant en est certainement la décoration de la chapelle Spada, dans l'église Saint-Jérôme de la Charité, à Rome, et qui est l'œuvre de l'architecte Borromini.
En Chine, la pratique de la marqueterie sur laque remonte à la période Tang, c'est-à-dire entre le viie et le xe siècle. Elle décore des objets variés. De même, au Japon, elle est employée pour la décoration de petits objets, combinée à la laque, dorée ou noire. Dans le monde islamique, elle semble constituer l'héritage des Coptes et des peuples de la Mésopotamie sassanide qui connaissaient la marqueterie de bois associée parfois aux ivoires, au bronze ou à la nacre. Cette technique est absente du monde ethnologique et des civilisations précolombiennes. Toutefois, chez les peuples d'Océanie, on trouve des placages de nacre sur des vases et autres objets de l'ameublement ou du culte, sur des armes également.
La marqueterie sur bois
Les origines de la marqueterie de bois sont encore très mal connues aujourd'hui, mais il semble que son apparition coïncida, en Italie, avec l'utilisation du bois nu qui n'advint pratiquement pas avant le xive siècle. Jusqu'à cette époque, les objets de bois étaient en effet recouverts de stuc ou de peinture. À ce facteur s'ajoute le développement rapide du mobilier, petit ou grand, profane et religieux, qui offrit aux productions d'objets de bois un marché de choix.
Menuisiers et sculpteurs sur bois recherchèrent alors des effets décoratifs comme le démontre par exemple la technique de la « marqueterie à la chartreuse » (tarsia alla certosina), utilisée au xive siècle pour des meubles de petite dimension : coffrets, boîtes, cadres, objets sacrés. Elle consiste en de minuscules tesselles polygonales de bois, d'os ou de nacre (ou toutes ces matières à la fois), appliquées sur les objets de bois. Appelée ainsi parce qu'elle fut en usage principalement dans les monastères de l'ordre de Saint-Bruno, elle connut une certaine vogue jusqu'au xve siècle en Lombardie et en Vénétie où les monastères de cet ordre étaient nombreux. Les décorations réalisées comportaient presque uniquement des dessins géométriques.
Dans le courant du même siècle, apparut en Toscane, et plus précisément à Sienne, ce que l'on appellera plus tard la « marqueterie picturale » (tarsia pittorica). Cette dénomination souligne bien l'intention qu'avait l'artiste de parvenir sinon à une imitation totale de la peinture, du moins aux mêmes effets en jouant des différentes couleurs de bois et en exécutant des décorations ornementales[...]
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Écrit par
- Catherine ROSEAU-LÉVESQUE : licenciée ès lettres, diplômée d'art et d'archéologie
Classification
Médias
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