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MARS MAURICE BONVOISIN dit (1849-1912)

Dessinateur belge, né à Verviers, mort à Menton, Maurice Bonvoisin appartient au milieu des filateurs, et sa formation initiale le prépare à diriger les usines familiales. Doué d'un crayon infatigable et d'un sens méticuleux de l'observation, bon portraitiste, il entre dans la presse illustrée, son aisance sociale lui ouvrant les portes du reportage illustré pour de nombreux journaux tant français (Le Journal amusant, Le Monde illustré, L'Illustration, La Revue illustrée) qu'anglais (Graphic, puis Daily Graphic...). Sous un pseudonyme bientôt célèbre, il se concentre sur l'actualité mondaine et croque l'élite élégante (il côtoie par nécessité autant que par goût les grands de son époque), stimulé par les conseils et l'amitié de Félicien Rops qui l'incite à s'installer à Paris. Malgré la concurrence de l'illustration photographique, Mars saura préserver sa place de dessinateur de luxe, habile à ombrer ses sujets pour donner du relief à ses scènes, valorisant ainsi l'avantage du croquis sur la photographie.

Son premier album, Aux bains de mer d'Ostende (1885), outre les baigneuses plantureuses à la taille de guêpe, motif récurrent dans toute son œuvre, montre des enfants pris sur le vif avec naturel, sujets qui plaisent tellement qu'il fournira dorénavant aux journaux des croquis d'enfants, surtout des scènes de plage, pour les numéros spéciaux de Noël. Cette vogue de la figure enfantine et du children's corner décide son éditeur Eugène Plon à publier un album consacré à l'enfance, à une certaine enfance : Nos Chéris sort pour les étrennes de 1886 et ravit autant les parents, charmés par l'image flatteuse de leur progéniture que leur renvoie l'album, que les enfants. Mars prend comme modèles ses propres enfants (au point qu'il utilise leurs prénoms dans les légendes) et il puise son inspiration dans les menus faits et événements de sa vie familiale, souriante et pleine d'entrain.

Comme dans son travail pour la presse, il évoque de son trait spirituel et léger la société « fin de siècle » (la formule est de lui et fera florès) dont il ne relève par tempérament que le côté plaisant : la (re)présentation d'un univers enfantin choyé sert de propos à ces albums (Compères et compagnons, 1887, et Joies d'enfants, 1890) à la finition soignée, comparables par la qualité technique à ceux de Boutet de Monvel édités chez Plon. Le dessin conserve toujours grâce et finesse pour rendre la mode vestimentaire et les attitudes aisées des enfants — adolescentes longilignes ou poupons enrubannés —, leur environnement, leurs occupations — repas familiaux ou goûters campagnards, jeux sur la plage ou au parc Monceau, mais... jamais l'école : Mars est l'antithèse de son contemporain Geoffroy. Il n'a pas l'inventivité de Boutet de Monvel et se contente d'ordonner des albums de famille au style un peu apprêté, teinté d'un « parisianisme exquis », de fixer les plaisirs et les jours d'une mini-société évoluant dans une atmosphère détendue.

Les compositions de Mars séduisent aujourd'hui par la fraîcheur des motifs, la gaieté de la mise en pages, le raffinement des coloris pastel. Ses livres, datés certes par certains aspects (humour un peu laborieux du commentaire légendé, complaisance dans la description des rites domestiques) et par leur élégance formelle un peu facile, plaisent encore grâce à leur charme suranné.

— Laura NOESSER

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