MARS, planète
Mars Odyssey
On savait, depuis les missions Viking (1976-1982) et Mars Global Surveyor (1997-2006), qu'il y avait beaucoup d'eau sur Mars. Cette eau a désormais été observée. On doit ce constat spectaculaire à une petite sonde de la N.A.S.A., 2001 Mars Odyssey, qui a bien failli ne jamais partir. À l'origine, cette mission, baptisée Mars Surveyor 2001, devait en effet comporter deux sondes : un orbiteur et un atterrisseur. Malheureusement, la mission précédente, Mars Surveyor 1999, avait essuyé un échec retentissant : en décembre 1999, l'orbiteur brûla dans l'atmosphère martienne lors de son arrivée et le petit atterrisseur Polar Lander s'écrasa au pôle Sud de Mars. Or, à l'exception des instruments, les sondes suivantes qui devaient être lancées en 2001 en étaient presque des copies conformes : l'atterrisseur de Mars Surveyor 2001 était même intégré et monté à près de 60 p. 100. Pour des raisons de sécurité, la N.A.S.A. a d'abord décidé d'annuler l'intégralité de cette mission. Mais, sous la pression des scientifiques, l'agence spatiale américaine a fini par maintenir la sonde orbitale, rebaptisée 2001 Mars Odyssey, en hommage à Stanley Kubrick et à Arthur C. Clarke. Il devenait en effet urgent de cartographier les réserves d'eau martienne, glacée ou liquide. 2001 Mars Odyssey, lancée le 7 avril 2001, a été mise en orbite autour de la planète rouge le 24 octobre de la même année. Tout porte maintenant à penser que l'eau sur Mars a été et est peut-être encore un agent d'érosion actif.
Les traces d'écoulements
C'est donc depuis les missions Viking et Mars Global Surveyor que l'on a identifié des formations trahissant le rôle actif de l'eau à la surface de Mars :
– Des traces d'inondations catastrophiques ayant sculpté les paysages dans les derniers milliards d'années ont été mises en évidence. Ces chenaux, ressemblant à de vastes fonds de rivières asséchées, se sont formés de deux façons : par vidange catastrophique d'énormes volumes d'eau souterraine entraînant des écoulements torrentiels de boues et par l'arrivée progressive en surface d'eau contenue dans des nappes aquifères qui ont creusé des vallées fluviales de dimensions plus modestes.
– De vastes étendues dépourvues de cratères et recouvertes de terrains aux fractures polygonales géométriques trahissant la présence de terrains gelés (permafrosts ou pergélisols) ont été dévoilées dans les plaines boréales. Gorgé de glace, le sous-sol se déforme au gré des saisons : il s'étire et se contracte au fil des changements de température, créant de petites crevasses qui confèrent au sol une allure de vaste surface carrelée.
– Des cratères semblent avoir abrité de vastes lacs pendant plusieurs milliers d'années, alors que le climat devait être différent de celui qui règne actuellement sur Mars. On y discerne des traces très claires de dépôts stratifiés témoignant de l'accumulation puis de la stagnation de l'eau pendant de longues périodes, lorsque la planète rouge possédait des conditions climatiques plus favorables qu'aujourd'hui. À l'origine, la surface de Mars devait être parsemée de tels lacs ainsi que de mers, qui remplissaient les plus grandes dépressions. Cette période chaude s'est étendue entre 4,3 et 3,4 milliards d'années, un temps suffisamment long pour que, peut-être, la vie éclose : ces cratères sont les meilleurs endroits que choisiraient les exobiologistes pour trouver les éventuelles traces fossiles d'une activité biologique.
– Des traces récentes d'écoulements d'eau (ou fontaines) ont drainé des sédiments depuis quelques millions d'années. On pense que ces écoulements jaillissent d'une nappe phréatique située en moyenne à 100 mètres sous la surface[...]
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Écrit par
- Éric CHASSEFIÈRE : docteur en physique, directeur adjoint du service d'aéronomie du C.N.R.S., Verrières-le-Buisson, directeur de recherche au C.N.R.S.
- Olivier de GOURSAC : secrétaire de la Commission de l'exploration spatiale, Société astronomique de France
- Philippe MASSON : doyen de l'U.F.R. sciences, université de Paris-XI-Sud
- Francis ROCARD : docteur ès sciences, responsable des programmes d'exploration du système solaire au Centre national d'études spatiales
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