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MARTIAL RAYSSE (exposition)

La rétrospective Martial Raysse, 1960-2014 qui s’est tenue, du 14 mai au 22 septembre 2014, au Centre Georges-Pompidou, à Paris, consacrait un artiste français désormais reconnu comme majeur, mais dont la carrière n’a pas été linéaire.

Départs et ruptures

Né en 1936 à Golfe-Juan, Martial Raysse fut l’un des plus jeunes peintres défendus par Pierre Restany, le « père » du nouveau réalisme, et n’eut pas à attendre son trentième anniversaire pour que le Stedelijk Museum d’Amsterdam lui consacre, en 1965, une rétrospective. De 1963 à 1968, il fait de nombreux allers-retours entre la France et les États-Unis. En 1967, sa notoriété était quasi équivalente à celle de Warhol, et leurs parcours auraient logiquement pu être parallèles – l’un comme l’autre ayant d’ailleurs tôt conjugué cinéma et peinture. Mais l’histoire en a décidé autrement. Les événements de mai 1968 ont marqué pour Raysse un tournant. Il ne s’est pas contenté d’afficher de la sympathie pour le mouvement de la jeunesse, il a également tiré les conclusions concrètes de ses options politiques : sa collaboration avec la galerie internationale Alexandre-Iolas a pris fin en 1972 en raison de prises de position politique opposées.

L’artiste avait quitté Paris – et le milieu de l’art – et s’était installé dans le village d’Ussy-sur-Marne (Seine-et-Marne) en 1973. Sa première réapparition dans la capitale, l’année suivante, après deux ans d’absence totale, fut organisée presque clandestinement, comme elle l’aurait été pour un parfait inconnu : dans un local loué par son frère, rue du Dragon, il présenta, sous le titre Coco Mato, des assemblages précaires, mais impossibles à situer dans le droit-fil des travaux précédents. Il ne retrouva qu’en 1976 une galerie professionnelle, celle de Karl Flinker, qui montra alors de grands paysages au pastel sur papier intitulés Loco Bello. En trente-cinq ans, les institutions publiques françaises lui auront tout de même consacré quatre expositions. Une, couvrant la décennie 1970-1980, au Musée national d’art moderne-Centre Georges-Pompidou (M.N.A.M.), en 1981, sous l’égide de Pontus Hulten. Une autre à la Galerie nationale du Jeu de Paume, en 1992, à l’initiative de Dominique Bozo et d’Alfred Pacquement, puis une présentation de dessins, conçue par Béatrice Salmon, en 1997, à la galerie d’art graphique du M.N.A.M. Enfin, la grande rétrospective organisée par Catherine Grenier, à nouveau au M.N.A.M., en 2014, est la seule dont on puisse véritablement dire qu’elle ait assuré un retour de l’artiste en pleine lumière.

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Écrit par

  • : professeur à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris

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