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DAVIES MARTIN (1908-1975)

Né à Londres en 1908, Martin Davies fit ses études à Cambridge, au King's College, et entra, en 1932, comme assistant à la National Gallery, dont il fut le directeur de 1968 à 1973. Il a été anobli en 1972. Il a écrit quinze ouvrages, notamment les catalogues les plus importants de la National Gallery, et une trentaine d'articles, qui pour la plupart ont paru dans le Burlington Magazine.

Cet homme très réservé, secret, aux réparties typiquement britanniques, devait surtout se révéler comme un chercheur, un érudit, un conservateur de musée dont l'orgueilleuse conscience professionnelle suscitait l'admiration d'un savant aussi difficile que Panofsky. Passionné de vérité, poursuivi par le désir d'une science exacte, il ne voulait avancer que ce dont il était absolument sûr, à partir de faits précis et dûment vérifiés. Il mit en pièces bien des catalogues, dont il soulignait les erreurs. Cette attitude lui valut le surnom de Martin le Démolisseur. Il sut utiliser un tel esprit critique, doublé d'un sens visuel très prononcé, dans son travail de conservateur, que, curieusement, il avait commencé dans une carrière du pays de Galles, où les tableaux et l'équipe de conservation avaient trouvé abri durant la Seconde Guerre mondiale.

Une approche de l'œuvre disciplinée, logique, méthodique, exigeante caractérisait sa contribution la plus importante à l'histoire de l'art : la rédaction des catalogues les plus marquants de la National Gallery. Pour Davies, un catalogue devait donner non seulement toutes les informations sur un tableau, mais encore une analyse de ces dernières. Aussi sut-il en faire un modèle de travail scientifique, une véritable somme de renseignements et de précisions sur la provenance de tel tableau, sur son histoire, sur les ouvrages où il est reproduit, ses références, les dessins et gravures qui s'y rapportent, les différentes versions et les copies qu'on peut en trouver. Davies s'attache également à la matérialité de la toile en indiquant le résultat des examens de laboratoire, les repeints ou les altérations. Quand il a à se prononcer sur une attribution, avec son esprit naturellement sceptique, il recourt à des termes ou expressions distincts : by (si la toile est sûrement du peintre), from his studio (de son atelier), ou ascribed to (attribué à). Si le tableau n'est pas de la main du peintre, mais dénote une certaine parenté de style, le critique emploie les mentions suivantes : follower of (qui remplace le mot école) ; after (qui indique une copie sans date) ; imitator of et style of (qui indiquent une vague relation). Les premières publications de Davies firent sensation et servent toujours de référence.

Sa connaissance de la pratique des musées et son intérêt pour les problèmes administratifs firent de Martin Davies un excellent directeur. Il conçut les plans d'agrandissement en sous-sol de la National Gallery, noua d'excellentes relations avec l'Institut Courtauld et lança une campagne de souscription publique pour acquérir le tableau de Titien, La Mort d'Actéon. Sous sa direction, la National Gallery s'enrichit aussi d'un Saint Yves ( ?), qu'il attribua de façon catégorique à Van der Weyden, d'un plafond de Tiepolo, allégorie de Vénus et le Temps, et d'une toile du Douanier Rousseau, Tempête tropicale avec un tigre. Il se passionna principalement pour la première moitié du xiiie siècle français. Ainsi retournait-il chaque année voir Chartres. Il demanda même à Jacques Dupont, alors directeur des Monuments historiques, d'enlever de la cathédrale les altérations dues au xviiie siècle, qu'il considérait comme des défigurations.

— Marguerite NEVEUX

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Écrit par

  • : chargée de cours à l'université de Paris-I, U.E.R. d'art et d'archéologie

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