MARTIN DE TOURS saint (316?-397)
Peut-être au hasard d'une garnison de son père, qui était tribun militaire, Martin naît à Sabaria, en Pannonie (Szombathely, en Hongrie). Il passe sa jeunesse à Pavie, en Italie. Déjà, il pense à devenir moine, mais, étant fils de soldat, il doit servir dans la garde impériale à cheval. Cela ne l'empêche pas de pratiquer la vertu : c'est ainsi qu'à Amiens il donne à un pauvre la moitié de son manteau.
Libéré de ses obligations militaires, il reçoit le baptême et va se mettre sous la direction de l'évêque de Poitiers, Hilaire. Mais, en 356, celui-ci est exilé par les hérétiques ariens au pouvoir, et le disciple quitte la Gaule. Il va jusqu'en Pannonie, où il convertit sa mère, puis revient par l'Illyricum, où il lutte contre l'arianisme, ce qui lui vaut d'être battu de verges. Il essaie de mener la vie monastique près de Milan, d'où l'évêque arien le chasse. Il se réfugie dans un îlot de la côte ligure. Apprenant qu'Hilaire est rentré d'exil, il regagne Poitiers et fonde, à Ligugé, un monastère, le premier de Gaule. La résurrection d'un catéchumène attire l'attention sur Martin, qui devient célèbre dans toute la région.
Hilaire étant mort en 367, et Tours quelques années plus tard se trouvant sans évêque, on convoque Martin sous le prétexte d'assister un malade. Contre son gré et contre l'avis de certains assistants, qui trouvent que ce moine a l'air trop misérable, Martin est ordonné évêque le 4 juillet 371. Évêque, Martin veut vivre en moine ; il fonde en face de sa ville épiscopale, de l'autre côté de la Loire, le monastère de Marmoutier.
Avec ses moines et ses disciples, Martin entreprend d'évangéliser les campagnes, encore païennes, bien au-delà de son diocèse puisqu'on le trouve à Autun, à Paris, et plus loin encore. Sa méthode est simple : arrivant dans un village, il réunit le peuple, prêche, persuade, démolit le temple et abat les arbres sacrés. Cela ne va pas toujours sans difficultés : un jour, il se laisse attacher à la place où doit tomber un arbre sacré, qu'il détourne d'un signe de croix.
Délibérément, Martin reste humble et digne avec les puissants. À la table de l'empereur, il présente la coupe d'abord à un prêtre, par vénération du sacerdoce. Quand il apprend que l'empereur veut exécuter les partisans de l'hérétique Priscillien, il accepte de communier avec eux pour les sauver. On lui reproche de s'être compromis avec des hérétiques, acte de charité qui lui est bien plus pénible que le baiser au lépreux à la porte de Paris. À la fin de sa vie, Martin est attaqué et blâmé par des évêques et des prêtres, qui lui reprochent la simplicité de sa vie, sa bonté pour les égarés, son passé de militaire ; cela le pousse à éviter plus que jamais les assemblées, à son goût trop solennelles, trop tumultueuses et vaines.
Un conflit entre clercs l'amène à Candes, au confluent de la Vienne et de la Loire. Il y meurt le 8 novembre 397. Son corps, que se disputent Tourangeaux et Poitevins, est ramené à Tours et enseveli le 11 novembre, jour qui est retenu pour sa fête.
Un de ses disciples, Sulpice Sévère, écrit sa vie, et le succès de l'ouvrage vaut à saint Martin une popularité inégalable. Il est le premier qui ait été honoré comme saint sans avoir subi le martyre. Aux temps mérovingiens, la basilique de Tours devient le premier centre de pèlerinage de la Gaule. D'innombrables églises le reçoivent comme saint patron ; plus de cinq cents villages de France portent son nom.
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Écrit par
- Jacques DUBOIS : moine bénédictin, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
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