KING MARTIN LUTHER (1929-1968)
Héritage
Martin Luther King est l'une des figures les plus étudiées de l'histoire des États-Unis. Comme pour George Washington, Thomas Jefferson et Abraham Lincoln, les évaluations de son action et de son héritage sont très contrastés et évoluent encore actuellement. L'extraordinaire influence de King n'a pratiquement pas diminué depuis sa mort. Sa vie, sa pensée et son caractère sont plus complexes que les biographes ne les ont initialement dépeints. Certains ont regretté que l'exaltation de son action ait en réalité rejeté dans l'ombre tous les efforts de la base du mouvement pour les droits civiques, qui ont joué un rôle essentiel dans le changement social. La présentation de King en sauveur, voire en messie, aurait découragé l'initiative et l'autonomie et incité beaucoup de Noirs à se cantonner dans l'attente de l'homme providentiel. D'après le théologien Michael Eric Dyson, cette « canonisation » de King aurait même dilué son message, adouci ses critiques et fait de lui un « bon nègre ». Ces critiques indiquent clairement que l'héritage de King n'a pas fini d'être discuté.
Il reste que Martin Luther King fut une figure majeure durant l'une des périodes les plus troublées de l'histoire des États-Unis. Sa contribution au mouvement pour les droits civiques fut celle d'un chef capable de transformer une manifestation en croisade et les conflits locaux en questions morales concernant toute une nation, voire le monde entier. Par la force de sa volonté et sa personnalité charismatique, il réveilla les Noirs américains et les poussa à agir. Il remporta l'une de ses plus grandes victoires en touchant la conscience des Blancs américains et en utilisant un levier politique capable de faire pression sur le gouvernement fédéral de Washington. La stratégie qui mit fin aux lois ségrégationnistes du Sud se révéla en revanche inapte pour venir à bout des inégalités sociales et économiques continuant d'entretenir la discrimination raciale dans l'ensemble des États-Unis.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- David L. LEWIS : professeur d'histoire à l'université de Rutgers, New Jersey
Classification
Médias
Autres références
-
BOYCOTTAGE
- Écrit par Encyclopædia Universalis et Berthold GOLDMAN
- 4 926 mots
- 1 média
...lança en 1920 une campagne de boycott des produits textiles britanniques. Instrument parfaitement licite et efficace à condition d'être massivement suivi, le boycott est repris par Martin Luther King dès la naissance du mouvement des droits civiques aux États-Unis, lorsqu'il appelle en décembre 1955 au boycott... -
DÉSOBÉISSANCE CIVILE
- Écrit par Christian MELLON
- 2 261 mots
- 2 médias
...Quant à la distinction entre désobéissance civile directe et désobéissance civile indirecte, on peut aisément l'illustrer par deux exemples concrets. Quand le mouvement des droits civiques de Martin Luther King, considérant comme injuste la loi qui interdit aux Noirs de fréquenter les mêmes restaurants... -
MARCHE POUR LES DROITS CIVIQUES (28 août 1963)
- Écrit par Christian HERMANSEN
- 290 mots
- 1 média
Réunissant plus de 200 000 personnes, la « marche sur Washington pour l'emploi et la liberté » du 28 août 1963, appelée en France « marche pour les droits civiques », marque l'apogée du mouvement non violent pour les droits civiques des Noirs, cent ans après leur émancipation par ...
-
NICKEL BOYS (C. Whitehead) - Fiche de lecture
- Écrit par Liliane KERJAN
- 968 mots
...enfance pauvre chez Harriet, sa grand-mère, Elwood, élève brillant, sensible aux livres et aux textes, écoute les propos de James Baldwin, la voix de Martin Luther King, notamment son discours de 1959 sur l’intégration des enfants dans les écoles et sa « Lettre de la prison de Birmingham » de 1963. À... - Afficher les 9 références