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NAVRATILOVA MARTINA (1956- )

Une carrière exceptionnelle

Malgré toutes ses difficultés personnelles, Martina Navratilova avait commencé d'engranger les victoires, ses passionnants duels avec l'Américaine Chris Evert donnant une nouvelle impulsion au tennis féminin. En 1978, elle s'était imposée à Wimbledon face à sa rivale, à l'issue d'une partie palpitante (2-6, 6-4, 7-5), renouvelant sa victoire l'année suivante, face à la même adversaire. Le gazon anglais va devenir son domaine réservé, puisqu'elle remportera au total neuf fois le simple dames des Internationaux de Grande-Bretagne, dont six fois consécutivement (de 1982 à 1987), ce qui constitue le record absolu – l'Américaine Helen Wills Moody s'était imposée huit fois, entre 1927 et 1938. Elle inscrit également son nom au palmarès des Internationaux d'Australie (1981, 1983, 1985) et de France (1982, 1984). Mais la victoire qui demeure la plus chère à son cœur est celle qu'elle obtient aux Internationaux des États-Unis, en 1983, face à Chris Evert (6-1, 6-3). Pour l'immigrée tchécoslovaque, naturalisée depuis deux ans, cette consécration avait valeur de certificat d'adoption auprès de l'opinion publique américaine. Elle s'imposera encore trois fois à Flushing Meadows (1984, 1986, 1987).

En outre, contrairement à la plupart des meilleures joueuses de son temps, Martina Navratilova attache également de l'importance aux tournois joués en double : elle multiplie les succès, réalisant notamment le Grand Chelem en 1984, associée à l'Américaine Pam Schriver.

Martina Navratilova devient une femme heureuse et accomplie. Elle assume désormais son homosexualité, vit avec Judy Nelson, épouse d'un médecin et mère de deux enfants. Leur relation dure sept ans et permet à Martina d'accéder à la haute société à laquelle appartient Judy. En 1986, elle retourne pour la première fois en Tchécoslovaquie, pour disputer un match de Fed Cup avec l'équipe des États-Unis. Bien que la presse censurée par les dirigeants communistes de l'époque ait tenu la nouvelle quasi secrète, ses anciens compatriotes lui font un accueil triomphal.

Mais, sur le plan du tennis, de nouvelles championnes émergent, notamment l'Allemande Steffi Graf, qui lui ravit en 1987 la place de numéro un mondiale, qu'elle occupa pendant 331 semaines. Si son jeu demeure fondé sur l'offensive – sa volée de gauchère fait toujours merveille –, elle doit tenter de gérer ses matchs de manière plus économe, modifier son toucher de balle en expérimentant de nouveaux effets pour tenter de résister à l'impitoyable jeunesse de championnes qui sont de quinze ans ses cadettes. En 1990, elle s'impose une dernière fois à Wimbledon, face à l'Américaine Zina Garrison. Mais, à trente-quatre ans, il s'agit, semble-t-il, de son chant du cygne. Martina a près de trente-huit ans en 1994, quand elle emporte quelques brins du gazon du court central de Wimbledon cher à son cœur, après avoir disputé sa douzième et dernière finale en simple, battue par l'Espagnole Conchita Martinez. Quelques mois plus tard, elle met un terme, définitif croit-on, à sa carrière lors d'une soirée au Madison Square Garden où le Tout-New York lui fait la fête.

Martina Navratilova quitte donc les courts. Elle milite pour les droits des homosexuels, participe à des manifestations afin de réclamer plus de moyens pour la lutte contre le sida et l'aide aux malades, crée une fondation destinée à soutenir les jeunes en difficulté. Mais la passion du sport reste vive. En 2000, Martina Navratilova décide de reprendre le tennis, en jouant des parties de double. Les fans de la joueuse craignent que les prestations de cette femme désormais âgée de quarante-quatre ans tournent au ridicule, et que cette seconde carrière brise l'image de la championne qui domina le tennis pendant[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

Classification

Média

Martina Navratilova - crédits : Chris Cole/ Getty Images

Martina Navratilova