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MARTINIQUE

Une colonisation intensive

Les fouilles archéologiques témoignent d’une présence continue de l’homme à partir du ier siècle de notre ère, des Arawak puis des Karib, rencontrés bien plus tard par les premiers Européens qui débarquèrent à la Martinique. Cependant, la densité d’occupation était modeste au regard des Grandes Antilles.

Les Espagnols ne colonisent pas l’île lorsqu’ils la découvrent au début du xvie siècle. Pendant près d’un siècle et demi, les Karib de Madinina (« île aux fleurs »), nom précocement francisé en « Martinique », font face aux incursions de pirates et de flibustiers et opposent une farouche résistance à toute tentative d’invasion. L’entreprise de colonisation française ne commence réellement qu’en 1635 avec l’arrivée, en provenance de Saint-Christophe, de Pierre Belain d’Esnambuc, alors gouverneur de cette dernière, accompagné d’une centaine d’hommes. L’économie coloniale repose au début sur le commerce du pétun (tabac), très apprécié des marins. À la mort de d’Esnambuc, en 1637, son neveu Jacques Dyel du Parquet devient lieutenant général de la Martinique. Les Karib sont systématiquement attaqués et leur dernier réduit de Capesterre tombe en 1658. Lors du recensement de 1660, les autochtones, regroupés dans la catégorie « sauvages », sont dénombrés aux côtés des Africains et des métis. En effet, le développement rapide de l’économie de plantation a conduit à importer massivement de la main-d’œuvre africaine esclave.

Martinique : production de sucre de canne - crédits : Encyclopædia Universalis France

Martinique : production de sucre de canne

Après une période de confusion liée à des rivalités entre différents chefs locaux, le pouvoir monarchique, sous l’action du ministre Colbert, prend en main l’administration directe de la colonie et impose une politique dite de « l’exclusif », qui consiste à limiter le commerce des îles aux seuls échanges avec la France – à travers la Compagnie des Indes occidentales (dissoute en 1674). La construction du Fort-Royal, à partir de 1679, marque symboliquement la prise de contrôle politique et militaire qui répond également à la nécessité de se défendre contre les ennemis hollandais et anglais. Dès lors, la Martinique devient, sur le plan économique et stratégique, l’île la plus importante des Antilles françaises, avant d’être supplantée par Saint-Domingue. Les habitations (plantations de canne à sucre) et les sucreries se multiplient. La population de couleur, esclave en grande majorité, passe de 9 500 individus en 1680 à 73 400 à l’approche de la Révolution ; elle dépasse largement la population blanche (10 600 personnes) ; à noter un nombre de « gens de couleur libres » en croissance rapide (5 200).

Martinique : évolution de la population - crédits : Encyclopædia Universalis France

Martinique : évolution de la population

La prospérité que connaît l’île au xviiie siècle amène les colons à chercher de nouvelles terres plus au sud, dans l’archipel, à Sainte-Lucie, Grenade, Tobago et La Trinité. Cependant, la lutte est incessante entre les Français et les Anglais pour la possession de ces îles. La Martinique est occupée par les Anglais en 1762 et rendue à la France au traité de Paris (1763). Mais la position de cette dernière est désormais affaiblie. Les Anglais occupent l’île de nouveau de 1794 à 1802 et de 1809 à 1815, c’est-à-dire pendant la plus grande partie de la Révolution, du Consulat et de l’Empire. À la différence de la Guadeloupe et de Saint-Domingue–Haïti, le système de domination coloniale par une élite d’origine européenne a donc perduré à la Martinique, consolidé dans une certaine mesure lors de la présence anglaise.

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Martinique [France] : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Martinique [France] : carte administrative

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