MARTINIQUE
Les tensions sociales et ethniques
Les troubles ethniques et politiques sont le trait marquant de l’histoire de la colonie durant le xixe siècle et la première moitié du xxe siècle. La caste des « Békés » (Blancs créoles), installés dans l’île depuis les débuts de la colonisation, conserve jalousement ses grandes propriétés rurales et son contrôle sur le commerce intérieur. Des révoltes menées par des esclaves secouent la colonie en 1823 et 1838. Elles sont durement écrasées. Après l’abolition de l’esclavage en mai 1848, un grand nombre d’anciens esclaves quittent les plantations et défrichent des petits lopins de terre pour y développer une agriculture vivrière. Ce mouvement entraîne la constitution d’un paysannat fragile. Pour compenser la perte de main-d’œuvre, l’administration et les planteurs organisent l’immigration de « travailleurs engagés » venus des Indes, à partir de 1853. Au total, environ 25 000 engagés transiteront par la Martinique. Une minorité demeure à la fin de leur contrat et s’insère dans la société créole par un métissage culturel. Par ailleurs, un syndicalisme ouvrier actif mène autour des sucreries et des distilleries de rhum des luttes souvent insurrectionnelles, avec des manifestations très sévèrement réprimées là encore. En septembre 1870, à la suite d’une altercation à caractère raciste, une révolte embrase le sud de l’île ; elle est rapidement et durement étouffée elle aussi. Sous la IIIe République,avec le suffrage universel, la participation électorale entre peu à peu dans les mœurs et les trois groupes principaux – Blancs, Mulâtres et Noirs – sont dans la nécessité de faire des alliances et de trouver des compromis politiques car ils partagent, paradoxalement, une même culture, marquée par la langue créole, l’attachement au catholicisme et à des traditions vivaces comme les festivités du carnaval.
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Écrit par
- Christian GIRAULT : géographe, directeur de recherche émérite au CNRS
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