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ANNING MARY (1799-1847)

Une pionnière autodidacte appréciée des scientifiques

Ses contemporains ont décrit Mary Anning comme une femme pieuse et charitable, d’une grande intelligence et d’une énergie considérable, capable de passer de longues heures au pied des falaises à la recherche de fossiles. La récolte des spécimens était suivie de leur laborieuse préparation dans sa petite boutique de Lyme Regis. Elle, qui n’avait reçu qu’une éducation assez sommaire, a acquis en tant qu’autodidacte de très solides connaissances en paléontologie, en particulier sur l’anatomie des vertébrés fossiles qu’elle a découverts. Elle a été aidée en cela par les liens qu’elle a su établir avec des membres de milieux plus favorisés que le sien, intéressés comme elle par les fossiles, à commencer par les sœurs Philpot, collectionneuses de Lyme Regis, et le géologue britannique Henry De la Beche (1796-1855). Ce dernier publia, en 1830, pour lui venir en aide financièrement, une reconstitution restée célèbre de l’environnement du Dorset au Jurassique.

Mary Anning fut très vite appréciée de nombreux géologues et paléontologues britanniques, tels que William Buckland (1784-1856), William Conybeare (1787-1857), Adam Sedgwick (1785-1873), Richard Owen (1804-1892) ou encore Roderick Murchison (1792-1871). Nombre des spécimens découverts par Mary Anning furent décrits par ces chercheurs. Sa célébrité dépassa rapidement les frontières de la Grande-Bretagne.

Pour autant, conformément aux habitudes de l’époque, les scientifiques qui étudièrent ses fossiles ne l’associèrent pas à leurs publications, même si son rôle dans leur découverte fut souvent mentionné. On sait par divers témoignages qu’elle développa un certain ressentiment face à ce qu’elle considérait comme une injustice. Tout au plus, certaines espèces lui furent dédiées. Elle ne publia qu’un seul article scientifique, une très brève note sur les dents d’un requin fossile, en 1839.

Après sa mort, Mary Anning n’a pas été oubliée. Donnée en exemple, elle a montré comment il était possible, à force de persévérance et de volonté, de s’élever au-dessus de son milieu d’origine. On a voulu voir en Mary Anning une victime de la société patriarcale de son temps, ce qui est en partie vrai. Mais ses origines modestes ont aussi contribué à lui fermer des portes. En effet, vers la même époque, la marquise de Hastings (1810-1858) – appartenant à la très haute société –, elle aussi passionnée par les fossiles, a bien fait partie de sociétés savantes et a publié des articles scientifiques.

Mary Anning est désormais célébrée comme une pionnière de la paléontologie. Les fossiles qu’elle a découverts figurent dans les collections de nombreux musées. Elle a fait l’objet de biographies, de romans, de livres pour enfants, de bandes dessinées, de films. En 2010, la Royal Society de Londres l’a désignée comme une des dix femmes les plus influentes dans l’histoire de la science britannique. En 2022, sa statue a été dévoilée à Lyme Regis.

— Eric BUFFETAUT

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Représentation du crâne de l’ichthyosaure découvert par Joseph Anning - crédits : Coll. Eric Buffetaut

Représentation du crâne de l’ichthyosaure découvert par Joseph Anning

Autres références

  • COMMERCE DES FOSSILES

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    • 3 médias
    ...personnes habitant à proximité de sites fossilifères se livrant à ces activités de façon occasionnelle ou permanente. Un exemple bien connu est celui de Mary Anning (1799-1847), de la petite ville de Lyme Regis sur la côte du Dorset (Angleterre), devenue célèbre pour avoir collecté et vendu à divers musées...